Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Tabernacle du maître-autel

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Région administrative :

  • Chaudière-Appalaches

Date :

  • 1717 – 1719 (Production)

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Ameublement > Mobilier

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (1)

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Images

Description

Le tabernacle du maître-autel de l'église de Saint-Étienne est une pièce de mobilier liturgique liée à la célébration de l'eucharistie. Ce meuble en bois peint en blanc et à motifs dorés, vraisemblablement réalisé entre 1717 et 1719, présente une largeur de 255 cm, une hauteur de 239 cm et une profondeur de 70 cm. Il est doté de deux gradins décorés de rinceaux et d'autres motifs végétaux. L'étage intermédiaire, à ressauts, est rythmé par des colonnettes cannelées et la porte de l'armoire centrale présente la forme sculptée d'un ciboire. L'étage du couronnement est orné de nombreux pots à feu. La niche d'exposition a la forme d'un baldaquin miniature composé de colonnettes placées en hémicycle supportant un entablement, un couronnement à branches, un globe et une croix.

Ce bien est classé objet patrimonial. Il est associé à l'église de Saint-Étienne, classée immeuble patrimonial.

Lieu de production :

  • Amérique du Nord > Canada > Québec

Dimensions :

  • Hauteur : 255,2 centimètre(s)
  • Largeur : 238,7 centimètre(s)
  • Profondeur : 70,2 centimètre(s)

Matériaux :

  • Bois (Noyer)

Technique de fabrication :

  • Doré

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2017-05-11

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2016-06-19
 

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Valeur patrimoniale

Le tabernacle du maître-autel de l'église de Saint-Étienne présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Cette pièce de mobilier religieux témoigne de l'importance de la célébration de l'eucharistie dans la religion catholique. Ce meuble, placé traditionnellement sur un tombeau d'autel au fond du choeur, sert à conserver le ciboire et les hosties consacrées pour la communion. Les tabernacles anciens prennent souvent des dimensions imposantes. Au XVIIIe siècle, ils se composent généralement de trois parties superposées : en bas, les gradins, qui incluent la réserve eucharistique, l'armoire contenant les hosties; au centre, l'étage de l'ordre, qui est aussi parfois appelé « étage de la monstrance » et est doté de l'armoire de l'ostensoir; au-dessus, l'étage du couronnement, qui comporte une niche servant à l'exposition de l'ostensoir ou qui reçoit une croix d'autel. Le tabernacle du maître-autel de l'église de Saint-Étienne en constitue un bon exemple. À la suite du concile Vatican II (1962-1965), de nombreux changements sont apportés à la liturgie par l'Église catholique. Les autels où sont placés les tabernacles ne sont plus utilisés pour la célébration de la messe. Plusieurs paroisses, comme celle de Saint-Étienne, conservent toutefois leurs anciens autels. Le tabernacle de l'église de Beaumont, fabriqué entre 1717 et 1719, a été le principal ornement du lieu de culte pendant près d'un siècle. Il rappelle l'attention apportée à ce meuble au coeur des pratiques liturgiques catholiques.

Le tabernacle présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Cette pièce de mobilier est attribuée à Noël Levasseur (1680-1740), membre d'une famille réputée de menuisiers et de sculpteurs qui marque de façon importante la production artistique du Québec au XVIIIe siècle. Noël Levasseur apprend probablement d'abord le métier de menuisier auprès de son père à Québec, où il est né. Il habite quelques années à Montréal, où il parfait sa formation de sculpteur auprès de Charles Chaboulié (vers 1638-1708), avant de revenir s'établir définitivement à Québec. Une partie de sa production est composée d'oeuvres de sculpture navale pour les chantiers de Québec et d'autres oeuvres profanes, mais Levasseur se spécialise surtout dans la fabrication de mobilier religieux. Il conçoit notamment le maître-autel de la chapelle de l'Hôpital général de Québec (1722) et vraisemblablement le tabernacle de l'église de Notre-Dame-de-Bon-Secours à L'Islet (1728-1730). La confection du tabernacle du maître-autel de Beaumont est antérieure à ces productions. Cette pièce de mobilier présente plusieurs des caractéristiques du travail de Levasseur, dont la finesse du travail de sculpture et le fait que les ornements sont appliqués plutôt que sculptés directement dans la masse. Les médaillons ornant le stylobate ainsi que le profil de la corniche et de l'architrave sont des éléments se retrouvant dans d'autres tabernacles de ce sculpteur. L'un des motifs les plus caractéristiques de l'oeuvre de Noël Levasseur est cependant le ciboire qui orne la porte de l'armoire de l'ostensoir. La représentation du ciboire (comprenant entre autres de délicates feuilles d'acanthe à la base de la coupe et des godrons sur le couvercle, et caractérisée par le pied touchant le bord inférieur de la porte) est la même dans plusieurs autres de ses pièces : Noël Levasseur est le seul à l'avoir représenté ainsi. Le tabernacle du maître-autel de l'église de Saint-Étienne constitue ainsi un témoin privilégié de l'oeuvre de ce sculpteur, une figure marquante dans le domaine de la production de mobilier religieux au début du XVIIIe siècle. Il s'agit en outre de l'un des plus anciens tabernacles de ce sculpteur qui ont été conservés.

Source : Ministère de la Culture et des Communications, 2017

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du tabernacle du maître-autel de l'église de Saint-Étienne liés à ses valeurs historique et artistique comprennent, notamment :
- son volume, dont la largeur de 255 cm, la hauteur de 239 cm et la profondeur de 70 cm;
- les matériaux, dont le bois sculpté (notamment le noyer cendré) peint en blanc et la dorure appliquée sur certains éléments ornementaux (notamment la dorure sur bolus orangé, la dorure sur bolus prune et l'or sablé);
- le caisson des gradins, dont les deux gradins ornés de rinceaux et d'arabesques et, en continuité du premier gradin, la réserve eucharistique centrale (fermée par une porte en métal présentant le thème iconographique de l'agneau mystique couché sur le livre aux sept sceaux);
- l'étage de l'ordre, dont les ressauts, les ailerons, l'armoire centrale dotée d'une porte (laquelle est ornée d'un ciboire avec des godrons sur le couvercle, des feuilles d'acanthe à la base de la coupe et un pied touchant le rebord inférieur de la porte), le stylobate décoré de médaillons et de motifs végétaux, les colonnettes cannelées à chapiteau corinthien, l'entablement à moulures, le motif central de coquille et les appliques ornementales sculptées;
- l'étage du couronnement, dont la niche d'exposition centrale en forme de baldaquin (composé de colonnettes cannelées à chapiteau corinthien supportant un entablement, un couronnement à branches, un globe et une croix), les amortissements ajourés latéraux ainsi que les éléments ornementaux, dont les motifs végétaux et les nombreux pots à feu.

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Informations historiques

Ce tabernacle est conçu au début du XVIIIe siècle pour l'église de Saint-Étienne, à Beaumont. Une mission desservant ce territoire est créée dès 1692. Un premier lieu de culte en bois est érigé en 1694. En 1715, un paroissien lègue une somme destinée à l'achat d'un tabernacle pour cette église. C'est probablement entre 1717 et 1719 que ce meuble est sculpté, puisqu'en 1717, la paroisse paie une avance aux Ursulines de Québec pour la dorure du tabernacle et qu'en 1719, le meuble utilisé précédemment est vendu.

Cette pièce de mobilier liturgique est attribuée à Noël Levasseur (1680-1740), membre d'une famille réputée de menuisiers et de sculpteurs qui marque de façon significative la production artistique du Québec au XVIIIe siècle. Né à Québec, Noël Levasseur apprend probablement d'abord le métier de menuisier auprès de son père. Il habite quelques années à Montréal, où il parfait sa formation de sculpteur auprès de Charles Chaboulié (vers 1638-1708), avant de s'établir définitivement à Québec. Une partie de sa production est composée d'oeuvres de sculpture navale pour les chantiers de Québec et d'autres pièces profanes, comme des cartouches destinés à orner des édifices publics représentant les armoiries royales de France, mais Levasseur se spécialise surtout dans la production de mobilier religieux.

Le lieu de culte en bois construit en 1692 se détériore rapidement, et la construction d'une nouvelle église à Beaumont est ordonnée en 1721. Les travaux s'étendront de 1726 à 1739. Le tabernacle de Levasseur est réinstallé dans ce nouveau lieu de culte, dont il constituera d'ailleurs l'un des principaux ornements pendant près d'un siècle. La décoration intérieure de l'église est effectuée en plusieurs étapes, de 1810 à 1826, par le sculpteur Étienne Bercier (1788-après 1861), qui conçoit plusieurs pièces de mobilier liturgique pour l'ensemble; le tabernacle de Levasseur est toutefois conservé.

Des modifications sont apportées au tabernacle, possiblement au XIXe siècle ou au début du XXe siècle. Le caisson des gradins a été refait et rehaussé d'une plinthe, mais les appliques décoratives du XVIIIe siècle ont été remises en place. La porte inférieure, en bois, a été remplacée par une porte de métal, peut-être inspirée du modèle d'origine. Divers indices laissent croire que la niche supérieure aurait peut-être aussi été modifiée.
Le tabernacle est classé en 2017, en même temps que plusieurs autres objets patrimoniaux conservés dans l'église de Saint-Étienne; le lieu de culte est classé au même moment.

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Références

Notices bibliographiques :

  • PAYER, Claude et Daniel DROUIN. Les tabernacles du Québec des XVIIe et XVIIIe siècles. Québec, Les publications du Québec, 2016. 271 p.

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