Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Collection d'objets du site archéologique Cartier-Roberval

Description

La collection d'objets du site archéologique Cartier-Roberval est un ensemble de plus de 6000 objets et fragments recueillis lors d'interventions archéologiques réalisées en 2007, 2008 et 2010 dans ce site du secteur de Cap-Rouge de la ville de Québec. Les plus anciens sont d'origine autochtone, mais le plus grand nombre est associé à l'établissement colonial français (1541-1543). Complets ou fragmentaires, les objets sont constitués de différents matériaux comme la céramique de différents types (principalement la terre cuite grossière et le grès grossier), le métal, le verre, la pierre et de matériaux organiques comme le bois. De nombreuses pièces sont liées à la conservation, à la préparation et au service des aliments et des boissons. L'ensemble compte aussi, entre autres, des objets liés aux vêtements, aux parures et au travail du textile, des matériaux de construction et des éléments de bâtiments, des armes et des munitions, des outils, des objets liés à la pêche, au commerce et à la médecine, ainsi que des témoins de combustion. La collection d'objets du site archéologique Cartier-Roberval est conservée au Laboratoire et à la Réserve d'archéologie du Québec, à Québec.

Cette collection est classée ensemble patrimonial. Le site archéologique Cartier-Roberval, dont les biens sont issus, est classé site patrimonial.

Nombre de biens :

6000

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Ensemble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2018-02-08
Prise d'effet : 2016-03-07

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement prorogé, 2017-02-23
  • Avis d'intention de classement, 2016-02-25
 

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Valeur patrimoniale

La collection d'objets du site archéologique Cartier-Roberval présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique, comme témoin du premier établissement colonial français en Amérique. Après deux voyages de Jacques Cartier (vers 1491-1557), soit un premier en 1534 et un deuxième en 1535 et 1536, un nouveau projet se dessine, qui se distingue des précédents par son objectif de colonisation. À cette fin, une commission royale est décernée à Jean-François de la Rocque de Roberval (vers 1495-1560) en janvier 1541. Le recrutement est difficile. Cinq navires partent de Saint-Malo le 23 mai 1541. Cartier, commandant en second de l'expédition, est autorisé à partir sans Roberval ¿ aux prises avec des problèmes d'approvisionnement ¿ avec un équipage comptant possiblement plus de 300 personnes. À la fin du mois d'août s'amorce l'aménagement de l'établissement sur le site préalablement choisi à cette fin au cap Rouge. Caractérisé par une forte dénivellation et sa situation au confluent du fleuve Saint-Laurent et de la rivière du Cap Rouge, le lieu présente un intérêt stratégique, notamment du point de vue militaire. Cartier nomme l'établissement Charlesbourg-Royal et fait construire deux forts, un en haut du cap et l'autre en bas. Cartier quitte la colonie en juin 1542, notamment en raison de tensions avec les Autochtones. Roberval part de La Rochelle le 16 avril 1542, avec trois navires et environ 200 personnes. Arrivé au cap Rouge en juillet, il renomme l'établissement France-Roy et améliore les installations laissées par Cartier. À la suite du déclenchement d'une guerre entre l'Espagne et la France, Roberval et les colons sont rapatriés en 1543. France-Roy est abandonnée vers la fin du mois de juillet et possiblement incendiée par les Français avant leur départ, mettant un terme à la première tentative de colonisation française en Amérique. Néanmoins, cet établissement marque une étape cruciale du positionnement de la France sur ce nouveau continent, près de 70 ans avant la concrétisation de ces ambitions grâce à Samuel de Champlain (1574-1635). La collection d'objets constitue donc un témoin exceptionnel d'un événement majeur de l'histoire du Québec et du Canada.

La collection d'objets du site archéologique Cartier-Roberval présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur archéologique. Ces objets, issus des interventions archéologiques effectuées en 2007, 2008 et 2010, ont permis d'améliorer la connaissance de plusieurs aspects de l'établissement et de nuancer certaines hypothèses avancées jusqu'alors. Par exemple, les indices découverts laissent supposer que l'élite, Roberval en premier lieu, occupait le sommet du promontoire et que, comme en France, les aristocrates jouissaient de privilèges, notamment du point de vue alimentaire. De nombreux artéfacts, tels que les fragments de cottes de mailles et différents types de munitions, soulignent le caractère militaire de l'établissement. D'autres objets, comme les briques, les tuiles et le crépi, évoquent les techniques de construction utilisées. Plusieurs artéfacts et écofacts confirment que les Français entretenaient des relations d'échange avec la population iroquoïenne. D'autres révèlent que les Français cherchaient activement des pierres et des métaux précieux. Les découvertes rappellent aussi que la subsistance reposait surtout sur les vivres apportés d'Europe, de même que sur la chasse et la pêche. La collection d'objets constitue donc une pièce capitale pour comprendre l'histoire de cet établissement colonial et pour documenter divers aspects de la vie sur les lieux. L'ancienneté et la diversité des objets euroquébécois de la collection contribuent aussi fortement à la valeur archéologique exceptionnelle de celle-ci.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2018.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de la collection d'objets du site archéologique Cartier-Roberval liés à ses valeurs historique et archéologique comprennent, notamment :
- la présence de plus de 6000 objets entiers ou fragmentaires, d'origine autochtone et euroquébécoise, datant du XVIe siècle et d'époques antérieures, recueillis lors d'interventions archéologiques sur le site;
- les matériaux, dont les divers types de céramique (notamment le grès grossier, la terre cuite grossière avec ou sans glaçure, la faïence blanche et les céramiques de type autochtone); les métaux (notamment le fer forgé, la fonte, le cuivre, le plomb, le laiton, l'étain et l'acier); la pierre et les autres matières minérales (notamment le silex, le grès, le quartz, le chert et l'argile); le verre (teinté ou coloré); et les matériaux organiques (notamment l'os, le bois et la nacre);
- les écofacts, dont les glands, les noix, les graines, les pépins, les noyaux, les coquilles, les coquillages, les dents ainsi que les ossements blanchis d'oiseaux et de mammifères;
- les objets liés à l'alimentation, dont les bols, les bouchons, les bouteilles, les carafes, le cerceau de tonneau, les coquemars, les coupes, les coupelles, les couteaux, les couvercles, les écuelles, les flacons, les gourdes, les jarres, les marmites, les pichets, les plats, les pots, les réchauds et les vases;
- les objets liés aux vêtements et aux parures, dont les anneaux, les bagues, les agrafes, les attaches de vêtements, les boucles de ceinture, les boutons, les talons de chaussures, les parures de vêtement, le pendentif, les perles et les sertissages;
- les objets liés au travail du textile, dont les aiguilles, le dé à coudre, les épingles et la rosace d'épingles;
- les matériaux de construction et les éléments liés aux bâtiments, dont les briques, les tuiles, le crépi, les clous (notamment forgés ou découpés), les rivets, les vis, les pieux ou les piquets, les lattes, les planches, les crochets, les clés, les serrures, les gonds, les pentures et autres pièces de quincaillerie d'architecture, les morceaux de vitrail et les fragments de vitre;
- les armes, les munitions et les armures, dont les balles de plomb, les pointes de carreaux d'arbalète, les cendrées, la chevrotine, les pièces de cottes de mailles et les pierres à fusil;
- les objets liés à la pêche, dont les hameçons et les plombs;
- les outils, dont les scorificatoires, les creusets, les haches, les limes et le batte-feu;
- les objets liés au commerce et aux échanges, dont les jetons, les disques, les pièces de monnaie et les sceaux à ballot;
- les objets liés à la médecine, dont les albarelles, les chevrettes et les pots à pharmacie;
- les témoins de combustion, dont les fragments de charbon minéral, la cendre et les scories.

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Informations historiques

La collection d'objets du site archéologique Cartier-Roberval est constituée de milliers d'artéfacts découverts dans le lieu correspondant à une partie du premier établissement colonial français en Amérique. Après deux voyages de Jacques Cartier (vers 1491-1557) soit un premier en 1534 et un deuxième en 1535 et 1536, un nouveau projet se dessine, qui se distingue des précédents par son objectif de colonisation. À cette fin, une commission royale est décernée à Jean-François de la Rocque de Roberval (vers 1495-1560) en janvier 1541. Cinq navires partent de Saint-Malo le 23 mai 1541. Cartier, commandant en second de l'expédition, est autorisé à partir sans Roberval - aux prises avec des problèmes d'approvisionnement ¿ avec un équipage comptant possiblement plus de 300 personnes.

L'aménagement de l'établissement - qui est nommé Charlesbourg-Royal par Cartier - commence à la fin du mois d'août sur le site préalablement choisi à cette fin au cap Rouge. Caractérisé par une forte dénivellation et par sa situation au confluent du fleuve Saint-Laurent et de la rivière du Cap Rouge, le lieu présente un intérêt stratégique, notamment du point de vue militaire, puisque sa situation élevée en fait un excellent lieu d'observation. Par ailleurs, plusieurs éléments des environs peuvent servir de matériaux de construction, dont les arbres, le grès vert et le sol argileux. Deux forts sont construits, un en haut du cap et l'autre en bas.

Cartier quitte la colonie en juin 1542, notamment en raison de tensions avec les Autochtones. Pour sa part, Roberval part de La Rochelle le 16 avril 1542, avec trois navires et environ 200 personnes. Il croise Cartier à Terre-Neuve et le somme de retourner au cap Rouge, mais ce dernier fait fi de cet ordre et retourne en France. Arrivé au cap Rouge en juillet, Roberval renomme l'établissement France-Roy et améliore les installations laissées par Cartier. L'hiver est difficile et est marqué par des troubles sociaux et par de nombreux décès liés à la maladie.

En raison du déclenchement d'une guerre entre l'Espagne et la France, Roberval et les colons sont rapatriés en 1543. L'établissement est abandonné vers la fin du mois de juillet et possiblement incendié par les Français avant leur départ, mettant un terme à la première tentative de colonisation française en Amérique.

Le lieu semble par la suite être inoccupé durant près de trois siècles. En 1823, les frères Henry (1790-1865) et William Atkinson acquièrent une vaste propriété où ils doivent demeurer pour pouvoir en exploiter les ressources forestières. Henry Atkinson fait alors construire la villa Carouge sur le promontoire. Le site est probablement choisi pour ses caractéristiques répondant au goût de la bourgeoisie du XIXe siècle pour le pittoresque. Dès cette époque est émise l'hypothèse que le lieu soit celui de l'établissement de Cartier et de Roberval, à la suite de diverses découvertes, dont des boulets métalliques ayant pu être utilisés pour les canons des navires du XVIe siècle.

L'endroit conserve une vocation résidentielle jusqu'en 1906. Au XXe siècle, le site est marqué par le passage de voies ferroviaires puis par l'aménagement d'un parc public. Les premières interventions ayant comme but de situer l'établissement de 1542-1543 ont lieu au cours des années 1950. En 1979, de nouveaux sondages sont effectués sur le promontoire, sans succès. Les tentatives se multiplient dans le secteur à compter de 1995. C'est finalement en 2005, lors d'un inventaire archéologique préalable à l'aménagement d'un belvédère, que plusieurs artéfacts datant vraisemblablement du XVIe siècle sont découverts. Les interventions archéologiques effectuées au cours des années suivantes permettent de confirmer qu'au moins une partie de l'établissement colonial se trouvait sur la partie sud du promontoire.

La collection d'objets du site archéologique Cartier-Roberval, comptant plus de 6000 objets et fragments, est classée en 2018, en même temps que le site.

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Emplacement

Region administrative :

  • Capitale-Nationale

MRC :

  • Québec

Municipalité :

  • Québec

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Références

Notices bibliographiques :

  • ALLAIRE, Bernard. La rumeur dorée : Roberval et l'Amérique. Montréal, Les Éditions La Presse, 2013. 159 p.
  • FISET, Richard et Gilles SAMSON. Chantier archéologique Cartier-Roberval, Promontoire du cap Rouge (CeEu-4), Québec, Canada : rapport synthèse des fouilles 2007-2008. Québec, Ministère de la Culture et des Communications/Commission de la capitale nationale du Québec, 2013. 464 p.
  • HAVARD, Gilles et Cécile VIDAL. Histoire de l'Amérique française. Paris, Flammarion, 2005. 863 p.
  • TRUDEL, Marcel. Histoire de la Nouvelle-France. Tome 1 : Les vaines tentatives 1524-1603. Montréal, Fides, 1963. 307 p.

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