Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Verrière de l'église de Sainte-Agnès (L'arbre de Jessé et scènes de la vie de la Vierge Marie)

Type :

Patrimoine mobilier (Oeuvre d'art / Ethno-historique)

Région administrative :

  • Estrie

Municipalité :

  • Lac-Mégantic

Date :

  • 1849 (Production)
  • 2019 (Restauration)

Thématique :

  • Patrimoine religieux

Classification :

  • Oeuvre d'art / Bien ethno-historique > Objets de communication > Arts décoratifs > Verre

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Patrimoine mobilier associé (2)

Groupes associés (3)

Voir la liste

Personnes associées (2)

Images

Description

La verrière de l'église de Sainte-Agnès est un vitrail néogothique fabriqué au plus tard en 1849. L'oeuvre de 45 mètres carrés présente une hauteur de 8,2 mètres et une largeur de 5,5 mètres. Elle est composée d'une partie inférieure divisée en 9 lancettes trilobées, surmontée d'un tympan en arc brisé. Les lancettes représentent l'Arbre de Jessé en 36 panneaux historiés répartis sur quatre registres. Le tympan comporte 97 ajours en forme de quadrilobes, d'écoinçons et de mouchettes, dont 57 représentent des scènes et des motifs liés à la Vierge, notamment à l'Immaculée Conception. Le vitrail s'insère dans des remplages en bois et est soutenu par quatre barlotières et six vergettes.

Ce bien est classé objet patrimonial. Il orne une ouverture pratiquée dans le mur du chevet de l'église de Sainte-Agnès, citée immeuble patrimonial, à Lac-Mégantic.

Dimensions :

  • Hauteur : 8,16 mètre(s)
  • Largeur : 5,54 mètre(s)

Matériaux :

  • Verre

Représentation iconographique :

  • Arbre de Jessé
  • Scènes de la vie de la Vierge Marie

Haut de la page

Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2017-09-01
Prise d'effet : 2016-11-22

Statuts antérieurs

  • Avis d'intention de classement, 2016-11-18
  • Proposition de statut national, 2015-12-02
 

Haut de la page

Valeur patrimoniale

La verrière de l'église de Sainte-Agnès présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. De style néogothique, elle est fabriquée au plus tard en 1849 dans l'atelier de William Wailes (1808-1881), l'un des plus prolifiques en Angleterre au milieu du XIXe siècle. Elle est destinée à orner l'église de l'Immaculée Conception, ouverte au culte en 1849, à Londres. Dès le début du XXe siècle, les Jésuites souhaitent remplacer cette oeuvre par une autre, commandée à l'atelier John Hardman Trading Company, à Birmingham. C'est cet atelier qui procède à la dépose de la verrière de 1849 avant l'installation de la nouvelle, en 1912, et qui nettoie, répare et restaure le vitrail. La même année, la verrière aurait été offerte au curé de la paroisse de Sainte-Agnès à Lac-Mégantic, Joseph-Eugène Choquette (1858-1918), par un ancien paroissien de Compton. Le curé Choquette fait modifier le mur du chevet de l'église en construction pour accueillir la verrière, qui est expédiée en sections avec les plans d'assemblage, et qui est installée à son emplacement actuel en juillet 1913. Dès lors, elle confère à l'église de Sainte-Agnès un ornement digne d'une cathédrale et témoigne de la prospérité de Lac-Mégantic au début du XXe siècle.

La verrière de l'église de Sainte-Agnès présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur artistique. Elle constitue un très bel exemple des vitraux néogothiques conçus en Angleterre au milieu du XIXe siècle. Le thème iconographique choisi pour la partie inférieure est l'arbre de Jessé, une schématisation de la généalogie présumée du Christ à partir de Jessé, le père du roi David. Ce thème est largement utilisé dans les tout premiers vitraux historiés du Moyen Âge et est donc prisé par les artistes du renouveau gothique. La verrière de l'église de Sainte-Agnès constituerait cependant le seul exemple de représentation de ce thème dans le corpus des vitraux québécois. Outre le sujet, plusieurs autres éléments typiques des vitraux médiévaux sont présents dans la verrière de Wailes. Par exemple, les sujets sont isolés par un galon d'encadrement et les personnages sont identifiés dans des phylactères et des rubans. Le fond bleu damassé duquel se détachent bien les personnages accentue le caractère bidimensionnel de la représentation. Les couleurs utilisées, très saturées et créant de forts contrastes, sont aussi inspirées des vitraux anciens. Ces nombreux emprunts à la manière ancienne sont typiques de cette période du néogothique anglais parfois qualifiée d'« archéologique ». D'autres éléments rappellent que cette verrière a été produite dans le contexte de la réintroduction du catholicisme romain en Angleterre. Par exemple, le tympan est constitué de 97 ajours, dont 57 présentent une scène ou un motif lié à la Vierge, notamment les quatre grands quadrilobes qui représentent l'Immaculée Conception, l'Annonciation, le mariage de la Vierge et l'Assomption. Les sujets choisis sont significatifs : ainsi, l'arbre de Jessé contribue à rappeler le caractère historique du catholicisme romain, tandis que la représentation de l'Immaculée Conception, liée à un dogme non reconnu par l'Église anglicane, sert à souligner la distinction entre les deux traditions religieuses. Par ailleurs, la verrière témoigne de la production de l'atelier de Wailes, entre autres par l'utilisation abondante de teintes de rose et du vert arsenic, par la combinaison du rouge et du mauve, ainsi que par la carnation des personnages rappelant les vitraux allemands. La verrière serait probablement le plus ancien vitrail de l'atelier de Wailes à se trouver en Amérique du Nord.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2017.

Haut de la page

Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de la verrière de l'église de Sainte-Agnès liés à ses valeurs historique et artistique comprennent, notamment :
- sa hauteur de 8,16 m, sa largeur de 5,54 m et sa superficie de 45,2 m carrés;
- les 9 lancettes trilobées de la partie inférieure (dont celle du centre légèrement plus large que les autres) comportant un total de 36 panneaux historiés répartis sur quatre registres et représentant, notamment, 27 figures en pied, 8 figures en buste et le symbole christique du pélican;
- les inscriptions sur des rubans et sur des phylactères déroulés de même que les insignes permettant d'identifier les personnages;
- le tympan percé de 97 ajours en forme de quadrilobes, d'écoinçons et de mouchettes, dont 57 présentant une scène ou un motif lié à la Vierge (notamment une représentation de l'Immaculée Conception et d'autres scènes relatives comme l'Annonciation, le mariage de la Vierge et l'Assomption, dans les grands quadrilobes, ainsi que des anges, des fleurs emblématiques et d'autres symboles mariaux, dans les écoinçons et les mouchettes);
- la carnation des visages de la plupart des personnages et les quelques visages peints en grisaille sur verre blanc;
- les couleurs saturées et les forts contrastes, dont les fonds bleu damassé, la large gamme de roses, le vert arsenic et la combinaison de mauve et de rouge;
- les quatre barlotières et les six vergettes soutenant le vitrail;
- les remplages en bois.

Haut de la page

Informations historiques

La verrière de l'église de Sainte-Agnès est conçue, à l'origine, pour orner l'église de l'Immaculée Conception, dans le quartier de Mayfair, à Londres. Elle est fabriquée dans l'atelier de William Wailes (1808-1881) et installée dans le lieu de culte pour son ouverture en 1849.

Wailes est formé au vitrail en Allemagne au cours des années 1830, vraisemblablement dans l'atelier Mayer, à Munich. Il ouvre son atelier de Newcastle (en Angleterre) en 1838 et une fabrique de verre en 1840. Son atelier de vitrail est l'un des plus prolifiques en Angleterre au milieu du XIXe siècle. L'association de quelques années avec Augustus Welby Northmore Pugin (1812-1852), l'un des architectes marquants du Renouveau gothique anglais, influence fortement la production de Wailes.

Dès le début du XXe siècle, les Jésuites souhaitent remplacer la verrière ternie de l'église de l'Immaculée Conception. Ils profitent du legs d'un paroissien pour commander un nouveau vitrail représentant l'arbre de Jessé à l'atelier John Hardman Trading Company, de Birmingham. C'est ce même atelier qui procède à la dépose de la verrière de 1849 en prévision de l'installation de la nouvelle, en 1912. L'atelier Hardman répare et consolide l'oeuvre du XIXe siècle, qui retrouve son éclat d'origine après le nettoyage de toute la suie accumulée au fil des décennies. Certains éléments de la verrière ont probablement été également restaurés à ce moment. Une partie du plomb et certaines plaques de verre ont vraisemblablement été remplacés, et quelques inscriptions ont sans doute été refaites. Les quelques visages peints à la grisaille sur verre blanc datent peut-être aussi de cette restauration du début du XXe siècle.

À Lac-Mégantic, les travaux de construction de l'actuelle église de Sainte-Agnès sont amorcés en août 1911. Ce lieu de culte, conçu par les architectes Louis-Napoléon Audet (1880-1971) et Joseph-Arthur Godin (1879-1949), est construit sur le soubassement érigé en 1900 et 1901 selon les plans de Jean-Baptiste Verret (1867-1902).

La construction de l'église est encore en cours lorsque le curé de la paroisse, Joseph-Eugène Choquette (1858-1918), entre en possession de la verrière de 1849. Elle lui aurait été offerte par un ancien paroissien de Compton. La façon dont le curé Choquette ou ce paroissien ont eu connaissance de la disponibilité de cette verrière demeure inconnue. La fabrique adopte une résolution pour autoriser le perçage d'une ouverture suffisamment large dans le mur du chevet pour recevoir cette oeuvre de grandes dimensions, alors que les plans prévoyaient plutôt trois petites fenêtres. C'est Dancause Vaillancourt, de Montréal, qui exécute les travaux.

La verrière est expédiée avec les plans d'assemblage des sections et une petite photographie comme référence. Elzéar Dion fabrique les nouveaux remplages en bois, et l'oeuvre est installée à son emplacement actuel, en juillet 1913.

Lors de travaux majeurs effectués en 1957 et 1958, l'intérieur de l'église de Sainte-Agnès est dépouillé de son riche décor néogothique. Toutefois, l'imposante verrière conserve sa place dans le chevet du lieu de culte.

La verrière de l'église de Sainte-Agnès est classée en 2017. Elle se trouve encore dans le lieu de culte, cité en 2008 par la Ville de Lac-Mégantic.

Haut de la page

Emplacement

Region administrative :

  • Estrie

MRC :

  • Le Granit

Municipalité :

  • Lac-Mégantic

Adresse :

  • rue Laval

Localisation informelle :

Cette verrière est située dans le chevet de l'église de Sainte-Agnès

Haut de la page

Gouvernement du Québec

© Gouvernement du Québec, 2013