Mine American Chrome

L'ancienne mine American Chrome est située dans la municipalité de Saint-Joseph-de-Coleraine. Son gisement a été découvert en 1896, par Joseph Nadeau, à la suite de travaux de prospection. Comme son nom l'indique, elle a été exploitée pour la chromite. L'exploitation s'est fait de façon intermittente et par différentes compagnies, toutes sous la direction des frères Beebe de Boston (MA), jusqu'en 1917. C'est pour cette compagnie qu'Arthur Redman Wilfley a mis au point, dans la région de Black Lake, la fameuse table qui porte son nom. Elle sert à concentrer la chromite. Aujourd'hui, elle est encore utilisée partout à travers le monde. Outre la chromite, son usage s'est maintenant généralisé pour séparer les minéraux lourds des légers.

Présentement, il ne reste plus aucun bâtiment sur le site minier. On retrouve toutefois plusieurs excavations, qui sont maintenant remplies d'eau. La plus grande mesure près de 50 mètres de long sur 50 mètres de large. Quelques haldes à proximité des excavations permettent de voir des échantillons de chromite disséminée. Les excavations sont à certains endroits séparées par des dykes granitiques. Le gisement de chromite est de type podiforme, c'est-à-dire que la chromite est réunie dans des poches, appelées aussi lentilles ou amas, dans la dunite. La chromite dans ces dépôts est très concentrée, mais le tonnage est faible parce que les amas ne sont pas continus.

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En 1894, Joseph Nadeau participe, avec François Provençal, à la découverte du chrome dans le canton de Coleraine. Cette découverte, une fois confirmée par Joseph Obalski (1852-1915), ingénieur minier au service du gouvernement provincial, a lancé l'exploitation du chrome dans la région. En effet, entre 1894 et 1898, on y dénombre pas moins de 60 petites mines privées en opération. Deux ans après cette découverte, Nadeau, toujours à la recherche de sites exploitables découvre le gisement de la mine American Chrome. Durant la première année d'exploitation de cette mine, Nadeau extrait environ 245 tonnes de minerai.

En 1901, la mine est acquise par une nouvelle compagnie, l'American Chrome Co. Les principaux actionnaires de cette compagnie sont les frères Beebe de Boston reconnus pour leur industrie de colorants aux États-Unis. Cette compagnie érige sur sa propriété, à 1,6 km de la mine, le premier moulin à bocard « Stamp Mill ». Il sert d'exemple à tous les moulins de mines de chrome dans le district. Ce moulin est établi par A.R. Wilfley, alors gérant de la compagnie. Il contient un concasseur Blake, deux paires de rouleaux, une batterie de 5 pilons et une table Wilfley avec les accessoires habituels. Le marteau-pilon cylindrique est destiné à macérer le minerai contre une pièce d'acier creusée de 30,5 cm de diamètre; par pression d'eau, le minerai en ressort pour être projeté sur la table Wilfley où un autre jet d'eau effectue la séparation du minerai de la pierre inutile. Selon la quantité de pilons-marteaux, on parle de moulin à 15, 20, 30 bocards ou « Stamps Mill ». Au début, la production est de 20 tonnes par semaine. Environ une vingtaine d'hommes sont employés à la mine. Plus tard, on améliore les installations en augmentant le nombre de pilons-marteaux et de tables Wilfley. Les opérations du moulin visent à obtenir un concentré de minerai dont la proportion de chrome approcherait le 60%.

Puis, au début du 20e siècle, l'exploitation de la chromite, dans la région, commence à devenir très difficile. L'enrichissement du minerai de chrome du Québec, nécessaire à sa commercialisation, augmente le prix de revient, et le rend difficilement concurrentiel. Le principal acheteur, les États-Unis, préfère donc se tourner vers les pays d'outre-Atlantique. En 1907, la mine cesse donc ses opérations. L'American Chrome continue d'exploiter d'autres gisements et fait partie des trois compagnies importantes ayant poursuivit l'extraction de la chromite jusqu'en 1909. La Première Guerre mondiale rend plus difficile l'approvisionnement en chrome d'outre-Atlantique nécessaire à la fabrication d'armement. Dans ce contexte, le chrome est principalement utilisé en alliage avec le fer, on parle alors de fer chromé. Après une période d'inactivité de cinq ans, l'exploitation de cette mine est reprise par D. Wilson en 1915, en vertu d'un bail. En un an, Wilson extrait environ 500 tonnes de minerai. En 1916, une nouvelle compagnie, la Mutual Chemical Co. prend la direction de l'exploitation. Cette compagnie y installe une grande usine de concentration moderne pouvant produire, à partir de 80 tonnes de minerai à 15 %, 15 ou 16 tonnes de minerai à 50 % par jour. Les concentrés sont transportés en voiture jusqu'au chemin de fer, situé à environ 7 km. La compagnie acquiert aussi l'ancien atelier de la Black Lake Chrome and Asbestos Company près du chemin de fer du Québec Central. Celui-ci est réparé et est utilisé par les petits exploitants de la région qui paient, pour y concentrer leur production, de 3,95 $ à 16,95 $ la tonne dépendant de la richesse du minerai. Cependant, lorsque la guerre tire à sa fin, en 1918, les producteurs font face à une diminution de la demande, à une baisse des prix et à la concurrence des exploitations d'outre-mer. De ce fait, presque toutes les mines, incluant la mine Americain Chrome, cessent leurs opérations. Au total, environ 1 785 tonnes de minerai, à une teneur indéterminée, ont été extraites de cette mine.

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