Ancien entrepôt de minerai

Cet ancien entrepôt de minerai est situé dans la municipalité de Saint-Joseph-de-Coleraine. Le bâtiment rectangulaire d'une superficie de 9000 pieds carrés (836 m²) contraste par sa taille imposante avec son environnement plutôt résidentiel. Adossé aux rails privés de la mine Vimy-Ridge, il sert jusque dans les années 1960 de réserve de sacs de fibres d'amiante. Ces derniers sont entreposés dans ce bâtiment en vue de leur transport par voie ferroviaire jusqu'aux marchés des États-Unis ou de l'Europe. À proximité du bâtiment, un chemin de fer privé rejoint le réseau ferroviaire du Quebec Central Railway reliant Thetford Mines à Québec et Sherbrooke. En 1955, lors de la fermeture de la mine Vimy-Ridge, la mine voisine Normandie utilise à son tour l'entrepôt et le chemin de fer privé.

Seule une porte de garage permet le déchargement des sacs de fibres d'amiante, à l'origine, les murs de l'entrepôt étaient aveugles. Des fenêtres sont ajoutées lors de la conversion du bâtiment en locaux commerciaux.

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Le 19 juillet 1922, la compagnie Bennett Martin, exploitant la mine Vimy Ridge, inaugure un chemin de fer privé entre Vimy-Ridge et Coleraine, reliant ainsi la mine au réseau du Quebec Central Railway entre Lévis et Sherbrooke (inauguré en 1877). En 1881 à partir de Thetford Mines, il faut trois heures pour se rentre à l'un ou l'autre des terminus. Ainsi, l'acheminement des sacs d'amiante vers les marchés, qui se faisait jadis par charrette hippomobile est grandement facilité. Le chemin de fer de la mine est d'abord emprunté par un camion sur rails. Le travailleur Omer Dupont a conduit ce camion jusqu'en 1934, année où le véhicule est vendu. Le fonctionnement de l'engin à vapeur nécessite un approvisionnement régulier en eau. La compagnie construit donc un réservoir d'eau à mi-chemin de Coleraine. À Coleraine, les sacs d'amiante sont entreposés dans ce hangar de la rue Saint-Patrick, propriété de la compagnie et situé le long de la voie ferrée. De là, les sacs sont chargés dans des wagons et dirigés vers les acheteurs de Sherbrooke ou Québec. Selon Jacques Longval, un ancien travailleur de la mine Normandie (qui a succédé à la mine Vimy-Ridge en 1955), la quantité de sacs d'amiante entreposée dans le hangar de Coleraine était parfois si grande qu'il fallait en laisser une partie à l'extérieur du bâtiment et la protéger par des bâches. On estime que le hangar perd sa vocation dans les années 1960. Il a ensuite été occupé par le magasin de meubles Paul Toupin jusqu'à sa fermeture en 1990.

L'arrivée du chemin de fer dans la région, à la fin du XIXe siècle, favorise le développement forestier et minier de même que les déplacements de la population. Quelques passagers privilégiés sont notamment autorisés à prendre le train de la compagnie minière pour se rendre à Coleraine. Dans plusieurs localités, les gares deviennent des points centraux autour desquels la population et les commerces s'installent. Ainsi, des noms de village dérivent directement du nom attribué à la station de Quebec Central Railway qui s'y trouve. L'instigateur et premier président du Quebec Central Railway, Joseph Gibb Robertson (1820-1899), donne d'ailleurs son nom au village de Robertsonville. À partir de ces gares, les sacs d'amiante de 100 ou 200 livres peuvent être expédiés aux marchés américains et européens par voie ferrée et maritime. On estime qu'entre 1900 et 1980, les États-Unis ont consommé 30 millions de tonnes d'amiante. La fibre a servi notamment à l'isolation, la réfrigération, la tuyauterie, l'emballage, la construction navale et même l'aérospatiale. La France, l'Allemagne, l'Angleterre et l'Italie font également partie des acheteurs de la fibre d'amiante québécoise.

Ce moyen de transport ferré a également initié la mécanisation de l'extraction minière. Dès 1890, la compagnie King Brothers dote la mine King de Thetford Mines d'une locomotive et de rails permettant le transport efficace du minerai. Des wagons basculants en bois, puis en acier, facilitent le déchargement de leur contenu. Des pelles à vapeur sur rails sont aussi utilisées pour charger les wagons de roc. Des hommes sont engagés pour veiller à l'entretien et à l'installation des rails. Au début du XXe siècle, ces travailleurs doivent remplacer les rails en bois de la Bell Asbestos par de l'acier. À cette mine, le transport du roc stérile à la halde s'effectue par voie ferrée avec des wagons basculants. Les rails étaient installés et déplacés au fur et à mesure de l'accumulation de roches stériles. Ce procédé a donné à la halde sa forme plate distinctive. Aussi, à partir de 1906, les compagnies minières uniformisent la largeur des voies ferrées afin qu'elles correspondent à celles du réseau régional, évitant ainsi beaucoup de transbordements. Cette mécanisation du transport du minerai entraîne toutefois une hausse importante des accidents graves et mortels. Des actions pour les prévenir ne sont posées par les compagnies minières et le gouvernement qu'à partir des années 1940.

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