Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

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Épave de l'Empress of Ireland

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Description

L'épave de l'Empress of Ireland est le vestige d'un paquebot transatlantique à vapeur construit en 1906 et ayant fait naufrage le 29 mai 1914. Mesurant 172 mètres de long et 20 mètres de large, l'épave a conservé ses principales composantes, dont la coque en métal composée de quatre ponts continus en acier, l'ensemble de moteurs et la machinerie, une des deux grandes hélices et les instruments de pilotage. Les quartiers des passagers et du personnel, le mobilier et les objets transportés ainsi que les restes de gens disparus dans le naufrage subsistent également. L'épave gît sur le lit du fleuve Saint-Laurent inclinée sur le tribord, au large de la municipalité de Sainte-Luce, à environ 45 mètres de profondeur.

Ce bien est classé objet patrimonial. La désignation comprend le navire, sa cargaison et les effets personnels de l'équipage ou des passagers.

Provenance archéologique :

  • DdEc-1

Nombre de biens :

1

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1999-04-15
 
Désignation (Canada) Lieu historique national du Canada Commission des lieux et monuments historiques du Canada 2009-04-20
 

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Valeur patrimoniale

L'épave de l'Empress of Ireland présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique liée à son importance symbolique et commémorative. Le vapeur était parti de Québec avec 1 477 personnes à son bord. Au cours de la nuit du 29 mai 1914, en raison d'un épais brouillard sur le Saint-Laurent, il entre en collision avec le charbonnier norvégien Storstad. Une large brèche est ouverte dans la coque, et le paquebot ne prend que quatorze minutes pour sombrer, entraînant avec lui 1 012 victimes. Cette tragédie est la plus importante de l'histoire de la navigation sur le Saint-Laurent. Il s'agit également du plus grand naufrage survenu au Canada et, à l'échelle mondiale, du quatrième en importance en temps de paix après ceux du Titanic (1912), d'un traversier aux Philippines (1987) et du Joola au Sénégal (2002). L'épave, qui renferme encore les restes de nombreuses victimes, est devenue un sanctuaire sous-marin. Le naufrage a donné lieu à plusieurs manifestations d'ordre religieux, littéraire ou artistique. Il est commémoré au Musée de la mer de Pointe-au-Père et par des monuments à la mémoire des victimes. L'événement a, par ailleurs, profondément marqué la mémoire collective des Québécois, principalement celle la population de la région du Bas-Saint-Laurent qui a participé au sauvetage, et est resté vivant dans la tradition orale.

L'épave de l'Empress of Ireland présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur technologique. Construit à Glasgow en 1906 par le chantier Fairfield Shipbuilding and Engineering Company d'après les plans de l'ingénieur Francis Elgar (1845-1909), ce paquebot de taille intermédiaire avait une capacité de 1 550 passagers et de 420 membres d'équipage. La coque du navire était composée de quatre ponts continus en acier. Il était propulsé par deux hélices, entraînées par des machines à vapeur à quadruple expansion chauffées par neuf bouilloires au charbon, et était équipé des systèmes de sécurité les plus modernes pour l'époque. L'intérieur possédait des aménagements et de l'ameublement de très grande qualité. La section de première classe se démarquait entre autres par des éléments décoratifs inspirés de l'art de l'époque édouardienne et un mobilier de luxe fabriqué avec de nombreuses essences de bois tropical. L'épave constitue l'un des derniers témoins de la production navale de son époque.

L'épave de l'Empress of Ireland présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique comme témoin du transport transatlantique au Québec et au Canada. L'Empress of Ireland évoque l'époque de la navigation à vapeur sur le fleuve Saint-Laurent, rattachant le Canada aux destinations d'outre-mer. Ce navire, qui assurait une liaison régulière et rapide entre Québec et Liverpool, a été le fleuron de la flotte du Canadien Pacifique, la plus importante compagnie de transport au Canada de l'époque. Par ailleurs, son naufrage à la hauteur de Pointe-au-Père rappelle l'importance de ce lieu dans l'histoire de la navigation sur le Saint-Laurent. Au début du XXe siècle, la municipalité est, en effet, un important centre d'opérations maritimes doté notamment d'un poste météorologique et d'une station de télégraphie sans fil. La station officielle de pilotage y est installée en 1905. L'épave de L'Empress of Ireland rappelle donc les dangers de la navigation sur le fleuve.

L'épave de l'Empress of Ireland présente en outre un intérêt patrimonial pour sa valeur archéologique. L'Empress of Ireland est un objet d'étude unique pour les archéologues et les historiens, fournissant quantité de renseignements sur le navire, la navigation au début du XXe siècle et la vie à bord. À ceci s'ajoute un état de conservation relativement bon. La coque préservée en une seule pièce constitue un élément peu commun.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2006.

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Éléments caractéristiques

Les éléments clés de l'épave de l'Empress of Ireland liés à ses valeurs historique, technologique et archéologique comprennent, entre autres :
- sa préservation « in situ » au fond du fleuve Saint-Laurent, au large de Sainte-Luce;
- les constituantes de l'épave, dont la coque composée de quatre ponts continus en acier, l'une des deux hélices, les machines à vapeur, les neuf bouilloires au charbon, les équipements et les appareils de navigation;
- les éléments décoratifs s'inspirant de l'art de l'époque édouardienne, dont les grands miroirs, les ornements en bois travaillé et les verrières;
- le mobilier et les objets transportés, dont les meubles, la cargaison, les accessoires hôteliers ainsi que les effets personnels des passagers et de l'équipage;
- les restes humains dans l'épave ou à proximité de celle-ci.

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Informations historiques

De nombreux bateaux à vapeur ont sillonné le fleuve Saint-Laurent à compter du milieu du XIXe siècle. L'Empress of Ireland faisait partie de la flotte de la compagnie Canadien Pacifique. Fondée en 1881, celle-ci oeuvre d'abord dans le transport ferroviaire, mais étend ses activités cinq ans plus tard au transport maritime sur le Pacifique. Au début du XXe siècle, le C. P. brille par son vaste réseau de chemins de fer, d'hôtels et de navires transocéaniques. Ce succès l'incite, en 1903, à participer au marché de l'Atlantique Nord. En 1906, il inaugure deux paquebots pour assurer la liaison Québec-Liverpool, soit l'Empress of Britain et l'Empress of Ireland. Ces navires jumeaux, construits à Glasgow par le chantier Fairfield Shipbuilding and Engineering Company selon les plans de l'ingénieur Francis Elgar (1845-1909), seront les premiers d'une longue série d'Empress de l'Atlantique réputés pour leur confort et leur rapidité.

Entre 1906 et 1914, l'Empress of Ireland effectue environ 200 traversées de l'Atlantique et contribue à positionner le C. P. comme la plus importante compagnie de transport canadienne. Sa rapidité et son confort en font un choix privilégié pour les immigrants. En première classe voyagent surtout des gens d'affaires, des hauts fonctionnaires et de riches familles; ils bénéficient d'un confort digne des grands hôtels. La deuxième classe, plus économique, est surtout prisée par les passagers de nationalité anglaise ou canadienne, tout comme la première. La clientèle de troisième classe est plutôt constituée d'immigrants venus de différents pays, qui choisissent le paquebot pour sa rapidité et ses services adéquats.

La nuit du 29 mai 1914 marque une date tragique pour ce navire, parti la veille du port de Québec avec 1 477 personnes à son bord. Après un arrêt à la hauteur de Pointe-au-Père afin de laisser descendre le pilote Adélard Bernier et de décharger quelques sacs de courrier, le vapeur reprend sa navigation. Quelques minutes plus tard, en raison d'un épais brouillard, il entre en collision avec le charbonnier norvégien Storstad. L'Empress of Ireland ne mettra que quatorze minutes à sombrer, entraînant dans la mort 1 012 personnes. Quelques heures plus tard, l'arrivée des secours, en provenance entre autres de Rimouski, permet le repêchage de 465 survivants. Dès l'été 1914, le C. P. entreprend de récupérer divers éléments de la cargaison, dont des lingots d'argent et le coffre-fort. La commission d'enquête créée peu après le désastre conclut que les deux navires ont commis des erreurs, sans toutefois désigner un coupable. Cette tragédie est la plus importante de l'histoire de la navigation sur le Saint-Laurent. Il s'agit également du plus grand naufrage survenu au Canada et, à l'échelle mondiale, du quatrième en importance en temps de paix après ceux du Titanic (1912), d'un traversier aux Philippines (1987) et du Joola au Sénégal (2002).

À partir de 1964, un regain d'intérêt se manifeste pour l'épave grâce aux progrès en plongée. Le site est alors fréquenté par plusieurs plongeurs, et bon nombre d'objets en sont extraits. Durant les années 1990, la population locale se mobilise contre les expéditions organisées pour prélever des parties importantes du navire, entraînant sa destruction.

L'épave de l'Empress of Ireland est classée en 1999. Il s'agit du premier bien subaquatique auquel ce statut est accordé. Si beaucoup d'objets repêchés sont encore chez des collectionneurs privés, le Musée de la mer de Pointe-au-Père expose la plus importante collection d'artefacts provenant du navire.

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Emplacement

Region administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

MRC :

  • La Mitis

Municipalité :

  • Sainte-Luce

Lieux-dits :

  • Pointe-au-Père

Code Borden

DdEc-1      

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • CROALL, James. Le naufrage de l'Empress of Ireland. Collection vers l'inconnu. Chicoutimi, Éditions JCL, 2000. 319 p.
  • FRANCK, Alain. Évaluation patrimoniale de l'épave du paquebot Empress of Ireland 1906-1914. Rimouski, Ministère de la Culture et des Communications du Québec - Direction du Bas-Saint-Laurent, 1994. 78 p.
  • Musée de la mer de Pointe-au-Père. La tragédie oubliée - le naufrage de l'Empress of Ireland : la plus grande tragédie maritime de l'histoire du Canada. Pointe-au-Père, s.é., 1995. 48 p.
  • PINEAU, Lionel. « Le naufrage de l'Empress of Ireland ». Revue d'histoire du Bas-Saint-Laurent. Vol. 1, no 3 (1974), p. 2-6.
  • s.a. « Épave de l'Empress of Ireland ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Supplément 1987-1999. Québec, Les Publications du Québec, 2001, p. 34-34.

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