Vieux barrage et centrale hydroélectrique d'Armagh

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La rivière Armagh prend sa source dans le bassin versant du Massif du Sud, où trois ruisseaux et rivières lui donnent naissance : rivière des Mornes, ruisseau du Milieu et ruisseau Beaudoin. Ce trio, appelé les Trois-Fourches, forme la rivière Armagh qui s'étire sur environ 22 km jusqu'à son embouchure, avec un dénivelé de 200 mètres. La pente en tête est très importante et la rivière se transforme en torrent sauvage tumultueux, capable d'arracher terre, roches et arbres en période de crues abondantes.

Dès 1894, on installa quatre barrages en bois de faible hauteur dans la vallée de la rivière. Un premier à la hauteur des cascades, en amont du viaduc existant, les trois autres en aval. Les deux premiers furent submergés par les eaux d'un nouveau réservoir créé en 1919; ils auraient été servi pour la drave, probablement pour les besoins d'un moulin à bois. Le barrage situé un peu en aval de la chute alimentait un moulin à scie et un autre à farine au moyen d'une dalle en bois. Dès 1915, la Compagnie Électrique d'Armagh acquiert les terrains en vue d'y construire une centrale hydroélectrique et fait préparer les plans par des ingénieurs en 1917.

Un premier barrage est construit en 1919 avec une crête à deux niveaux d'élévations; sa partie supérieure est construite en béton cyclopéen (contenant de grosses pierres) et fait une largeur de 144 pieds en crête, alors que la fondation fait 50 pieds d'épaisseur. Une conduite forcée est aménagée en acier et en « bois armé » (planches ceinturées des cerceaux d'acier) de près d'un mètre de diamètre. Dans la structure du barrage, on prévoit une galerie de vidange de 4' de large par 6' de haut. Des vannes de bois opérées par des appareils de levage furent ajoutées. Les surplus d'eau non turbinée s'écoulaient par la crête.

La conduite forcée transportant l'eau vers la centrale mesurait environ 130 m et reposait sur une série de supports en béton, espacés de 8' et d'une épaisseur de 18". La dénivellation entre la crête du déversoir et l'axe de la conduite à la centrale produisait une tête d'eau de quelque 78'. Le bâtiment de la centrale a été construit en béton sur la rive droite de la rivière. De forme rectangulaire (30'x 40'), la centrale avait une toiture à deux versants, une abondante fenestration, ainsi qu'une porte principale. Les turbines et l'équipement de production occupaient le rez-de-chaussé. Le sous-sol logeait les tubes des aspirateurs. Avant même la fin de la construction de la centrale, peu après le parachèvement du barrage, il semblerait qu'une des vannes se soit coincée, obligeant l'utilisation de dynamite; cette intervention aurait produit des fuites massives d'eau dans la partie inférieure de la structure. Deux ans plus tard, il a fallu ériger un nouveau barrage, environ 100 mètres en amont de l'autre. La centrale opérait avec deux turbines de la Williams Hamilton Co., de 250 HP, fournissant la force motrice aux deux alternateurs de 180 kw, Fairbanks-Morse, de 2 200V, 3 phases, à la vitesse de 900 RPM, pour un total de 400 HP. Les deux générateurs produisaient 360 kW.

La centrale cessa de fonctionner en 1942 et fut fermée en 1950; elle fut désaffectée et son appareillage vendu à la ferraille. Lors de la nationalisation de l'électricité en 1962, Hydro-Québec acquiert l'ancienne centrale d'Armagh et ses terrains. Le vieux barrage, quelques supports de la vieille conduite forcée et les fondations de la centrale restent sur place comme vestiges pour rappeler l'épopée de 1919 à 1942.

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