Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Monument aux victimes de l'hospice Saint-Charles, 14 décembre 1927

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Monument de la Cité de Québec

Région administrative :

  • Capitale-Nationale

Municipalité :

  • Québec

Date :

  • après 1927 – (Installation)

Thématique :

  • Patrimoine funéraire

Usage :

  • Services et institutions (Monuments funéraires)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (1)

Groupes associés (1)

Inventaires associés (1)

Carte

Description

Le monument collectif commémorant les victimes de l'incendie ayant eu lieu à l'Hospice Saint-Charles le 14 décembre 1927 est d'une grande sobriété et d'une rare élégance. Il est de style art déco, selon l'historienne de l'art Thérèse Labbé. C'est un monolithe en granit brut rose pâle qui repose sur un socle du même matériau. Le socle est d'une largeur de 190,5 cm, d'une longueur de 76,2 cm et d'une hauteur de 30,5 cm. La structure verticale du monument se rétrécit aux deux tiers de sa hauteur et se termine par un bord supérieur horizontal. Sur la face principale, s'allongeant du haut vers le centre, un rectangle contient une croix latine nue et deux rameaux incrustés en bas-relief de chaque côté des bras de la croix. Au centre inférieur du monument, un médaillon de bronze arbore des armoiries avec une femme assise sur les rives d'un fleuve, tenant dans son bras droit une corne d'abondance et s'appuyant sur un bouclier orné d'un lion. Un castor est à ses pieds sur la rive et un voilier vogue au loin. Une devise en latin Natura Fortis Industria Crescit encercle le haut de ces armoiries, tandis qu'une citation en latin Condita Quebecense/AD MDCVIII/ CIVITATIS REGIMINE/DONATA A.D./MDCCCXXXIII/QUEBEC/ est écrite à l'horizontale au bas. Sous le médaillon de bronze, des lettres, aussi en bronze, apparaissant en haut-relief rendent hommage aux victimes.

Les armoiries sur cette stèle sont celles de la Cité de Québec entre 1833 et 1949. Selon le site internet de la Ville de Québec, en 1833, la Cité de Québec a eu recours au peintre Joseph Légaré, aussi conseiller municipal, pour dessiner ses armoiries. Celles-ci présentent la déesse Sterna, déesse de l'activité et du travail. On y lit la devise Natura Fortis Industria Crescit (Fortifiée par la nature, elle croît par le travail). Daniel COGNÉ (1989), membre associé de l'Académie internationale d'héraldique, décrit un sceau de la Ville de Québec comportant ces armoiries, sceau qui avait été apposé sur un envoi officiel fait par Napoléon III en 1855 au Canada. Selon lui, la déesse du travail et de l'activité est assise près d'une ruche et d'épis de maïs et montre de la main gauche le cap Diamant et le port de Québec. Sur le rivage, un castor, emblème du Canada, complète la scène. Sur le bouclier ovale tenu par la main droite de la femme, apparaissent des armoiries blasonnées ainsi : De gueules au lion passant tenant dans sa patte dextre une clé d'or qui ressemblent beaucoup au bas des armoiries accordées au diocèse anglican de Québec par le roi George III en 1793. Pour l'auteur, le symbolisme est évident : le lion anglais tient dans sa patte la Ville de Québec, la clé du Canada. Sur les côtés du sceau, en partant du coin gauche en haut, on trouve la devise Natura Fortis Industria Crescit (Fortifiée par la nature, elle croît par le travail); sous la scène, en exergue, la légende Condita Quebecens A.D. MDCVIII Civitatis Regimine Donata MDCCCXIII (Québec, fondée en 1608 - gouvernement municipal institué en 1833). Le design néoclassique fut exécuté par Joseph Légaré (1795-1855), un artiste bien connu, membre du premier Conseil de la Ville de Québec, 1833-36. (traduction de Véronique G.-Allard). Notons que sur ce sceau, le mot quebecens est écrit sans « e », contrairement au sceau sur le monument, où le mot quebecense est écrit avec un « e ».

Selon le site internet Patrimoine canadien, le castor, « élevé au rang d'emblème officiel du Canada le 24 mars 1975 », était déjà en 1678 l'emblème pour la Ville de Québec. « En 1678, Louis de Buade, comte de Frontenac, gouverneur de la Nouvelle-France, proposa pour la ville de Québec des armoiries contenant un castor, celui-ci étant à son avis un emblème approprié pour la colonie. En 1690, pour commémorer la résistance victorieuse des Français à Québec, la médaille « Kebeca Liberata » fut frappée : une femme assise, symbolisant la France, avec un castor à ses pieds, représentant le Canada, figurait au revers de la médaille. »

Éléments architecturaux :

  • Armoiries
  • Bas-relief

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Inventorié --
 

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Informations historiques

Dans un article tiré du journal L'Événement du jeudi 15 décembre 1927 et répertorié dans le volume Incendies et pompiers à Québec, 1640-2001 par GRENIER (2005 : 454), on peut lire : « À 10 heures 48, une alarme générale appelle toute la brigade du feu à l'ancien hôpital de la Marine, situé au pied de la rue de la Couronne [...] Un désastre effroyable s'est abattu sur Québec hier soir. [...] des jets de flamme se propageaient à toute la partie ancienne de l'édifice. Celle-ci fut inaugurée en 1823 et servait à l'origine d'Hôpital pour la marine. [...] Les religieuses de l'Hospice [¿], qui sont connues surtout sous le nom de Religieuses du Bon Pasteur, ont été admirables de dévouement et de courage. L'Hospice Saint-Charles abritait actuellement 371 enfants, environ, de 5 à 12 ans. C'était pour la plupart des orphelins de père ou de mère, ou des enfants placés par des familles pauvres. [...] Depuis 1888, date où l'ancien hôpital militaire est devenu l'Hospice Saint-Charles, deux ailes ont été construites. [...] Dans l'aile ancienne, celle qui n'est plus maintenant qu'un amas de ruines, des scènes tragiques se déroulèrent. Les enfants criaient, imploraient du secours et leurs cris perçants parvenaient à la foule déjà rassemblée, à travers des nuages opaques de fumée. » (GRENIER, 2005 : 454).

Dans un autre article tiré du journal L'Action catholique répertorié dans le même volume par GRENIER (2005: 462), les funérailles qui suivirent l'incendie sont ainsi décrites :
« Vingt-huit victimes de l'hécatombe de mercredi dernier reposent maintenant dans le vaste cimetière Saint-Charles, au pied des grands arbres qui étendent leurs rameaux géants au-dessus des croix et des monuments.
Alors que l'ombre commençait à envahir la terre, les petites tombes ont été descendues dans une fosse commune de 14 pieds carrés et 8 pieds de profondeur sous les yeux d'un grand nombre de parents et d'amis qui avaient accompagné les cercueils jusqu'au champ des morts. Pendant que dans l'enclos funéraire se déroulait à la lueur vacillante des réverbères cette cérémonie ultime et profondément impressionnante, il y eut dans la foule un mouvement spontané où se traduisait la plus poignante émotion. Le bruit des sanglots montait de toutes parts et les mères éplorées se pressaient autour de la fosse béante qui allait bientôt se refermer pour toujours sur leurs enfants.
La population de Québec a fait d'impressionnantes funérailles aux petites victimes du désastre de l'Hospice Saint-Charles. Les plus hauts représentants de l'Église et de l'État assistaient à la cérémonie funèbre et une foule de 50 000 à 60 000 personnes avait tenu à venir témoigner sa sympathie aux religieuses de la Communauté du Bon-Pasteur et aux familles si cruellement éprouvées. La foule était si compacte sur la place de l'église Saint-Roch et le long des rues Saint-Joseph et Saint-Vallier pour assister au défilé, qu'un détachement de la police-montée eut beaucoup à faire pour ouvrir un chemin assez large aux lourds chariots qui transportaient les cercueils. »

Le nombre de victimes de l'incendie du 14 décembre 1927 varie selon les sources. Dans le journal L'Action catholique (2005 : 462), on rapporte 28 victimes, alors que dans le journal Le Soleil (2005 : 458), on en rapporte 36 : « Le dernier rapport porte à 36 le nombre de corps retrouvés, dont seulement 16 ont pu être identifiés et la rumeur veut qu'il y ait encore d'autres enfants coincés sous les ruines glacées de l'édifice. » Sur la stèle, ce sont 31 victimes qui sont commémorées.

L'Hospice Saint-Charles, reconstruit dès janvier 1928, est loué en 1940 à l'Aviation, puis en 1945, il devient l'Hôpital militaire et à compter de 1946 jusqu'à 1954, il abrite l'Hôpital des Anciens Combattants. L'édifice sera de nouveau la proie des flammes, puis détruit en 1962. Deux édifices de l'Agence du Revenu Canada sur Pointe-aux-Lièvres ont été à bâtis à l'emplacement de l'Hospice Saint-Charles.

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Emplacement

Region administrative :

  • Capitale-Nationale

MRC :

  • Québec

Municipalité :

  • Québec

Arrondissement municipal :

  • La Cité

Adresse :

  • rue Saint-Vallier Ouest

Localisation informelle :

À l'entrée du cimetière, tourner à gauche vers le stationnement, emprunter le petit sentier à gauche, tourner à gauche sur l'avenue Saint-Joseph, continuer tout droit jusqu'à l'intersection de l'avenue Sainte-Anne, traverser l'avenue Sainte-Anne, le monument se trouve à gauche sur l'avenue Saint-Joseph, derrière celui d'Oscar J. Auger.

Latitude :

  • 46° 48' 24.0"

Longitude :

  • -71° 15' 43.9"

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Références

Liens Internet :

Notices bibliographiques :

  • FERRY, Fleur. « Un espace sacré en devenir profane ». BRAULT, François et Jean SIMARD. Cimetières : patrimoine pour les vivants. Québec, Éditions GID, 2008, p. 187-261.
  • LABBÉ, Thérèse. « L'objet funéraire et son langage ». BRAULT, François et Jean SIMARD. Cimetières : patrimoine pour les vivants. Québec, Éditions GID, 2008, p. 331-413.
  • Ville de Québec. Site officiel de la Ville de Québec [En Ligne]. http://www.ville.quebec.qc.ca

Multimédias disponibles en ligne :

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