Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Bureau

Description

Ce bureau, dit Mazarin, a été fabriqué en Nouvelle-France entre 1670 et 1700. Il mesure 74 cm de hauteur, 116,4 cm de largeur et 65 cm de profondeur.

Ce meuble en merisier et en pin est composé d'un long plateau posé sur deux caissons chantournés à trois tiroirs galbés. Ces caissons reposent chacun sur quatre pieds gainés positionnés à 45°, reliés par une entretoise en « H » cintrée. Il dispose d'un tiroir central et d'une niche, encadrés par les caissons à tiroirs qui sont suffisamment éloignés afin d'y loger une jambe. La niche est fermée par un vantail cintré à emboîtures. Cette niche est munie d'une serrure française ancienne avec étoquiaux. Ses parois sont couvertes de papier marbré. Les tiroirs, assemblés à queue d'aronde, sont ornés d'entrées de serrures en laiton de style Louis XIV, à accueillage en museau. Les serrures des tiroirs, à pied de broche qui déborde, sont typiquement françaises. La serrure du tiroir central a toutefois été remplacée et date du 19e siècle. Le bureau sur roulettes est assemblé à tenons et mortaises chevillés. Le plateau est composé d'un panneau central, encadré d'une alèse. Il est assemblé à onglets avec prisonniers à queue de renard, c'est-à-dire un tenon libre dans lequel sont insérés des coins qui en écarteront le bois à l'insertion dans la mortaise, rendant l'assemblage indémontable et lui procurant une grande solidité. Le centre du plateau est composé de deux planches en queue de billard, tirées du même arbre. Elles sont disposées de manière à déployer harmonieusement une image en miroir des cernes de croissance selon la technique de l'assemblage en portefeuille (bookmatch en anglais). Le revers du plateau porte les marques asymétriques des scieurs de long. Le plateau est solidement fixé au bâti par des chevilles et par des prisonniers à queue de renard, dont l'emplacement est indiqué par des traces de trusquin sur le pourtour du meuble.

Numéro de l'objet :

  • Numéro d'accession : 2018.68.1-8
  • Numéro précédent : M-20
  • Numéro précédent : 2001-144

Lieu de production :

  • Amérique du Nord > Canada > Québec > Capitale-Nationale

Dimensions :

  • Hauteur : 74 centimètre(s)
  • Largeur : 116,4 centimètre(s)
  • Profondeur : 65 centimètre(s)

Matériaux :

  • Bois (Merisier)
  • Métal (Laiton)
  • Métal (Fer)
  • Teinture
  • Bois (Pin)

Technique de fabrication :

  • Chevillé
  • Assemblé, à queue d'aronde
  • Assemblé, à tenon et mortaise
  • Chantourné
  • Cloué
  • Galbé
  • Sculpté

Inscription :

À l'encre, sur un papier collé derrière le bureau : Jay donné et donne à Madame St Martin Religieuse Supérieure de l'Hôtel Dieu ce Bureau ou Commode tel qu'il est comme il est, et ce pour ce que je signe a Quebec ce [16 aoust 1768 ?] Chavigny

Altérations :

  • Usure : plateau
    Le plateau possède des marques d'ursure, petites fissures.
     
  • Consolidation : tiroirs
    L'intérieur des tiroirs a été consolidé à l'aide de clous.
     
  • Décapage : Plateau
    Le plateau a été décapé et a reçu une nouvelle finition.
     

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Partie d'un objet patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 2003-11-13
 

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Informations historiques

Ce bureau du genre Mazarin a été produit en Nouvelle-France entre 1670 et 1700. Il appartient au style Henry IV. Il est dit du genre Mazarin puisque c'est sous le règne de cet homme que ce type de meuble se popularise. Jules Mazarin (1602-1661) est un homme d'État français d'origine italienne qui est nommé cardinal par Richelieu, puis entre dans la diplomatie auprès de Louis XIII et Louis XIV. Mazarin est également le principal ministre d'Anne d'Autriche durant sa régence.

Le bureau est cédé aux Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec possiblement en 1768 par un membre de la famille Chavigny. La grande famille des Chavigny de la Chevrotière fait partie de la noblesse de la Nouvelle-France. Arrivé au pays vers 1641, François de Chavigny de Berchereau (vers 1615-1651) et sa nouvelle épouse Éléonore de Grandmaison (vers 1620-1692) se font concéder des terres à Sillery et un fief qui prendra plus tard le nom Deschambault, du nom du gendre de François de Chavigny qui en héritera. François de Chavigny se vit contraint de quitter cette terre trop exposée aux attaques iroquoises et se fit concéder une seigneurie à la pointe de l'île d'Orléans en 1649.

François de Chavigny fut ami et conseiller de Paul de Chomedey de Maisonneuve (1612-1676), Jeanne Mance (1606-1673) et Marguerite Bourgeois (1620-1700).

Après le décès de François de Chavigny, Éléonore de Grandmaison se remarie deux fois. Son dernier mari, Jacques de Cailhault de La Tesserie (vers 1620-1673) provient d'une famille de nobles seigneurs de la Chevrotière en France. François de Chavigny (1650-1725), fils aîné d'Éléonore et de François de Chavigny, reprend le nom de la Chevrotière en l'honneur du dernier époux de sa mère.

Il est possible que le bureau ait été acquis par la famille des Chavigny à la fin de 17e siècle ou au début du 18e siècle.

Le meuble est ensuite cédé par un descendant des Chavigny à Soeur Marie-Louise Curot dite de Saint-Martin (1716-1788), alors qu'elle était supérieure au monastère des Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec. Mère Saint-Martin est entrée au Monastère de l'Hôtel-Dieu de Québec en 1736, à l'âge de 20 ans, et y a été supérieure pendant 18 années, soit de 1762 à 1768, 1771 à 1777 et 1780 à 1785.

Une note manuscrite collée au dos du meuble témoigne de ce don: « Jay donné et donne à Madame St Martin Religieuse Supérieure de l'Hôtel Dieu ce Bureau ou Commode tel qu'il est comme il est, et ce pour ce que je signe a Quebec ce [16 aoust 1768 ?] Chavigny ». Il s'agit ici d'une transcription datant du milieu du 20e siècle, la date est mise en doute car maintenant illisible.

Le lourd meuble a été mis sur roulettes au cours du 19e siècle afin de faciliter son déplacement. Le plateau a été décapé et a reçu une nouvelle finition. Une décoration en laiton, semblable à celle des tiroirs, se retrouvait originalement au niveau de l'entrée de serrure du battant de la niche.

Ce bureau est classé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel du Québec en 2003, en même temps que plusieurs autres meubles qui font partie de la collection des Augustines de l'Hôtel-Dieu de Québec.

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Références

Contributeur de données :

Direction générale du patrimoine

Notices bibliographiques :

  • LEFEBVRE, Jean-Jacques. « Chavigny Lachevrotière, François de ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca
  • LEFEBVRE, Jean-Jacques. « Grandmaison, Éléonore de ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca/
  • LESSARD, Michel et Huguette MARQUIS. Encyclopédie des antiquités du Québec. Montréal, Les Éditions de l'Homme Ltée, 1971. 536 p.
  • LESSARD, Michel. La nouvelle encyclopédie des antiquités du Québec. Montréal, Éditions de l'Homme, 2007. 1103 p.
  • LOVREGLIO, Aurelia et Anne LOVREGLIO. Dictionnaire des mobiliers & des objets d'art du Moyen âge au XXIe siècle. Les dictionnaires thématiques. France, Le Robert, 2011. 464 p.
  • PALARDY, Jean. Les meubles anciens du Canada Français. Montréal, Le Cercle du Livre de France Ltée, 1963. 412 p.
  • ROY, Pierre-Georges. La famille de Chavigny de la Chevrotière. Lévis, Québec, L'Action sociale, 1916. 179 p.

Multimédias disponibles en ligne :

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