Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Complexe d'aluminium d'Arvida

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Complexe d'aluminium Rio Tinto Alcan
  • Complexe Jonquière Rio Tinto Alcan
  • Usine Arvida
  • Usine Vaudreuil

Région administrative :

  • Saguenay--Lac-Saint-Jean

Municipalité :

  • Saguenay

Date :

  • 1925 – 1926 (Construction)

Thématique :

  • Patrimoine industriel

Usage :

  • Fonction industrielle, transformation des minéraux et fabrication de produits finis (Usines de transformation des métaux > Alumineries)

Éléments associés

Groupes associés (2)

Personnes associées (2)

Inventaires associés (1)

Description

Le complexe d'aluminium d'Arvida est un important ensemble industriel spécialisé dans la production d'alumine et d'aluminium, ainsi que de ses dérivés, dont les activités à Saguenay, arrondissement Jonquière, ont débuté en 1926. Propriété de la multinationale Rio Tinto Alcan depuis 2007, le complexe a été érigé en différentes phases entre 1926 - date de construction de l'usine initiale - et 2013. Le complexe comprend une usine d'alumine (usine Vaudreuil), divisée en deux unités d'exploitation (usine d'alumine et usine de produits chimiques hydrates), une usine d'aluminium (usine Arvida), un centre technologique (AP60) ainsi qu'un centre de recherche et de développement. Le site comprend aussi d'importantes infrastructures de transport et d'entreposage. Le complexe emploie environ 1 500 travailleurs.

Pour produire de l'aluminium, il faut d'abord de l'alumine produite à partir de la bauxite, l'un des minéraux les plus abondants sur la terre. La bauxite utilisée à l'usine Vaudreuil, inaugurée en 1936, provient de plusieurs pays dont le Brésil, la Guinée et le Ghana. D'abord transportée par bateau jusqu'aux installations portuaires de Rio Tinto Alcan situées dans le secteur de Port-Alfred à Saguenay, elle est ensuite acheminée par train par l'intermédiaire du réseau de la Compagnie de chemin de fer Roberval-Saguenay, également propriété de la compagnie.

La bauxite est ensuite transformée en hydrate d'alumine par affinage à l'usine Vaudreuil. Presque toute la production d'hydrate d'alumine est transformée en alumine métallurgique. La production restante est transformée en hydrates commerciaux dans les autres unités d'exploitation de l'usine Vaudreuil. Jusqu'en 2013, une partie de la production d'hydrate d'alumine était également transformée en fluorure d'aluminium, de sorte que l'usine Vaudreuil en était le seul lieu de fabrication en Amérique du Nord.

L'alumine métallurgique est ensuite transformée en aluminium par l'électrolyse à l'usine Arvida, inaugurée en 1926. Cette opération s'effectue dans les 812 grandes cuves précuites en acier d'électrolyse regroupées dans six salles. Rio Tinto a toutefois annoncé le remplacement des cuves précuites par la technologie AP-60 pour des raisons environnementales.

Un courant continu passe de l'anode de carbone (électrode positive), par un mélange alumine-cryolithe, jusqu'au revêtement de la cuve, soit la cathode de carbone (électrode négative).

Jusqu'en 2012, l'entreprise produisait sur place les cathodes qui devaient être périodiquement remplacées. Le complexe comprend encore l'usine d'anodes dont les bâtiments originaux datant de 1927 sont encore présents sur le site. Le travail des cuvistes, soit le nom donné aux ouvriers spécialisés dans la production d'anodes, est un métier difficile notamment en raison de l'importante chaleur dégagée dans l'usine par la transformation du coke en carbone.

L'alumine réagit avec l'anode pour former l'aluminium. L'aluminium fondu se dépose au fond de la cuve. Il est ensuite siphonné et transféré de la cuve à un four d'attente avant d'être coulé en différents produits, notamment en lingots.

Afin de combler les importants besoins en électricité requis pour la production de l'aluminium dans le processus d'électrolyse, le complexe d'Arvida est alimenté en énergie par un réseau de six centrales appartenant à Rio Tinto Alcan (Chute-à-la-Savane, Chute-du-Diable, Chute-des-Passes, L'Isle-Maligne, Shipshaw et Chute-à-Caron).

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Inventorié --
 

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Informations historiques

En 1912, James Buchanan Duke, un magnat américain du tabac, fonde la Québec Development Corporation dans le but de développer le potentiel hydroélectrique de La Grande Décharge du lac Saint-Jean. En 1920, William Price, un important actionnaire de la compagnie, entreprend des démarches auprès du gouvernement québécois dans le but d'obtenir les autorisations pour construire un barrage et une centrale hydroélectrique. La construction de la centrale de l'Isle-Maligne est entreprise en 1923, peu avant la fondation de la Duke-Price Power Company.

Dans le but de vendre ses surplus d'énergie, Duke souhaite attirer des usines productrices d'aluminium, dont les procédés de fabrication sont énergivores. Pour ce faire, il se tourne peu avant sa mort vers Arthur Vining Davis, président de l'Aluminum Company of America. En 1925, la Duke-Price Power Company fusionne avec l'Aluminium Company of America, qui l'achète pour de bon l'année suivante.

Peu après, l'entreprise entreprend la construction de l'usine d'Arvida, dont le nom s'inspire de celui du président ARthur VIning DAvis. Elle y installe quatre salles de cuves de type Arvida. Il s'agit d'une amélioration par rapport aux cuves Hall, dont la technologie avait été utilisée jusque-là par l'entreprise.

En 1926, la centrale de l'Isle-Maligne entre en service. Elle est alors la plus puissante centrale hydroélectrique au monde. Le 27 juillet 1926, soit trois ans après le début des travaux, les deux premières salles de cuves (salles 21 et 22) commencent à produire de l'aluminium à l'usine d'Arvida. Les salles 23 et 20 entreront en fonction en 1927. S'ajouteront dans les années suivantes une usine d'anodes de carbone, une usine d'alumine, ainsi que des ateliers, des entrepôts et des bureaux.

L'arrivée de l'usine contribue au développement de tout le secteur environnant. En effet, afin de loger ses cadres et ses ouvriers de l'usine, l'entreprise procède dès 1926 à la construction de la ville d'Arvida aménagée autour du complexe. Surnommée la « Washington du Nord », la ville, entièrement planifiée par l'architecte américain Harry Beardslee Brainerd, est une véritable cité industrielle modèle, avec ses maisons, ses écoles, son hôpital, ses commerces, son église et sa banque.

En 1928, sous la pression des lois anti-monopoles, la filiale canadienne de l'Aluminium Company of America se sépare et devient autonome sous le nom de l'Aluminum Company of Canada. Elle sera renommée Alcan en 1945.

À partir de 1938, l'entreprise relance son programme de construction, alors qu'elle remplace graduellement les cuves de type Arvida par les nouvelles cuves Söderberg conçues selon une technologie développée en Norvège dans les années 1930 et qui allait révolutionner l'industrie de l'aluminium.

Alors que la Deuxième Guerre mondiale fait rage, ce qui entraîne une forte croissance de la demande en aluminium utilisée notamment dans la fabrication d'avions, la compagnie investit dans la construction de nouveaux équipements hydroélectriques et de production. Une grande partie de ses investissements seront alloués à la construction de la centrale hydroélectrique Shipshaw, à l'accroissement de la puissance de la centrale de l'Isle-Maligne et à l'ajout d'une vingtaine de cuves à l'usine d'Arvida. Sa production annuelle passe de 50 000 à 350 000 tonnes entre le début et la fin de la guerre. Au plus fort du conflit, l'usine emploie près de 16 000 travailleurs et devient le plus grand complexe d'aluminium et d'alumine au monde. Dans les décennies suivantes, le complexe continuera de se développer.

En 2004, Alcan annonce la fermeture graduelle de ses cuves Söderberg pour les remplacer par des cuves à anodes précuites, qui seront elles-mêmes changées graduellement à compter de 2014. En 2007, la société anglo-australienne Rio Tinto se porte acquéreur d'Alcan et la nouvelle compagnie née de cette transaction, Rio Tinto Alcan, devient le numéro un mondial de l'aluminium.

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Emplacement

Region administrative :

  • Saguenay--Lac-Saint-Jean

MRC :

  • Saguenay

Municipalité :

  • Saguenay

Arrondissement municipal :

  • Jonquière

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Références

Notices bibliographiques :

  • BENOIT, Jean. « Price, sir William ». Université Laval/University of Toronto. Dictionnaire biographique du Canada [En ligne]. http://www.biographi.ca
  • CAMPBELL, Duncan Carlyle. Global Mission: The Story of Alcan. 3 vol. Toronto, Ontario Publishing Company, 1985. s.p.
  • GAGNON, Hélène. Centrale Isle-Maligne, 1926-2001 : 75 ans d'histoire, de fierté et de savoir-faire. Jonquière, 2001. 18 p.
  • Institut national de la recherche scientifique. Encyclobec. Les régions du Québec : un passé et un présent à découvrir [En Ligne]. http://www.encyclobec.ca
  • MORISSET, Lucie K. Arvida, cité industrielle : une épopée urbaine en Amérique. Québec, Septentrion, 1998. 251 p.
  • Rio Tinto Alcan. Jalons de l'histoire d'Alcan dans le monde [En Ligne]. http://www.alcan.com/
  • Rio Tinto Alcan. Le site d'énergie électrique : une division de Rio Tinto Alcan [En Ligne]. http://www.energie.alcan.com
  • Rio Tinto Alcan. Tinto Alcan au Québec et au Canada, Guide de presse 2012-2013. s.l. 2013. 92 p.
  • TURCOTTE, Daniel. « Les cuves Soderberg du complexe Jonquière d'Alcan, symbole de fierté ouvrière et de l'effort de guerre saguenéen ». Bulletin de l'Association québécoise pour le patrimoine industriel. Vol. 16, no 7 (2004), p. 8-9.

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