Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Savoir-faire textiles transmis au sein des Cercles de Fermières du Québec

Type :

Patrimoine immatériel

Autre(s) nom(s) :

  • Arts textiles des Fermières du Québec

Vitalité :

  • Vivant

Type d'élément :

  • Savoir-Faire

Classification :

  • Pratiques expressives > Activités artisanales > Artisanat et art populaire > Art textile

Éléments associés

Événements associés (1)

Groupes associés (1)

Description

Les savoir-faire textiles transmis au sein des Cercles de Fermières sont des habiletés techniques qui relèvent du domaine de l'artisanat traditionnel. Les connaissances et les compétences nécessaires à la production d'une pièce textile se transmettent par observation et imitation, d'une personne à une autre, depuis la création des Cercles en 1915. Le tissage au métier, le tricot, la couture et la broderie sont les principales techniques pratiquées par les Fermières, mais d'autres arts textiles peuvent être enseignés selon les connaissances et les savoir-faire des membres d'un cercle local.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Désignation Élément du patrimoine immatériel Ministre de la Culture et des Communications 2015-09-23

Statuts antérieurs

  • Proposition de statut national, 2015-03-10
 

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Valeur patrimoniale

Les savoir-faire textiles se transmettent dans les Cercles de Fermières du Québec depuis un siècle et se recréent en permanence. De génération en génération, les membres de l'organisation y font l'apprentissage de nouvelles techniques qu'elles perfectionnent et lèguent à leur tour une fois maîtrisées. Au sein des Cercles de Fermières, la mise en pratique des savoir-faire textiles comporte une dimension ludique et expressive. Un esprit communautaire anime les Fermières, qui sont appelées à travailler collectivement, sans égard à l'âge ou aux appartenances socioculturelles. Les Cercles constituent ainsi un espace de rencontre et de socialisation. Les activités qui s'y tiennent contribuent à renforcer les liens entre les Fermières d'expérience et les apprenties, suscitant chez elles un sentiment de continuité et d'appartenance. La portée de leurs actions et de leur engagement dépasse le groupe et s'étend souvent à la communauté locale. Les Cercles de Fermières font figure de symbole de l'artisanat au Québec : l'amour du bel ouvrage et la fierté du travail bien fait caractérisent la production des Fermières. Les savoir-faire textiles qui se transmettent au sein des Cercles de Fermières forment une composante de l'identité québécoise.

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Historique

Les savoir-faire textiles sont mis en pratique dans les Cercles de Fermières du Québec dès les premières années d'existence du regroupement qui, à sa fondation en 1915, vise à améliorer les conditions de vie des femmes en milieu rural. Les Fermières se rencontrent alors non seulement dans le but de partager leurs connaissances relatives à l'agriculture, mais aussi pour discuter des sujets qui concernent la vie familiale, scolaire et paroissiale. Bien qu'elles aient de nombreux intérêts et des compétences variées, les Fermières placent rapidement les savoir-faire textiles au coeur de leurs activités. Il s'agit d'abord d'habiletés techniques leur permettant d'abattre de la besogne domestique et d'obtenir un revenu d'appoint, mais ces savoir-faire représentent aussi une source d'agrément et un moyen d'exprimer leur créativité.

Les Cercles de Fermières sont institués à l'initiative du ministère de l'Agriculture et ils sont sous sa gouverne jusque dans les années 1960. Ils participent à la réalisation d'un objectif poursuivi par le gouvernement : favoriser le maintien des populations en milieu rural en outillant les femmes pour qu'elles diversifient leur contribution à l'économie familiale, dans un contexte où les ressources sont limitées. On conseille aux premières Fermières d'organiser leur travail autour du potager, de la basse-cour et du rucher. Aussi, le Ministère distribue des métiers à tisser dans chacun des cercles, ce qui témoigne de l'importance qu'il accorde à l'artisanat comme moyen d'accroître l'autosuffisance.

Fort du succès que connaissent les Cercles de Fermières partout au Québec, le ministère de l'Agriculture soutient l'ouverture, en 1930, de l'École des arts paysans (qui devient ensuite l'École des arts domestiques) afin de former des professeures en tissage et en transformation des fibres textiles. Cette école spécialisée accueille des Fermières déléguées par leur cercle local pour se perfectionner, mais elle vise surtout à parfaire les connaissances et les compétences d'enseignantes des écoles ménagères du Québec. Tenues par les communautés religieuses, ces écoles sont créées dans la même mouvance que les Cercles de Fermières. Elles ont le dessein de préparer les jeunes femmes à devenir des épouses et des mères exemplaires en les formant aux arts ménagers, qui incluent la couture et le tissage.

En 1920, les Fermières participent au premier concours d'artisanat textile de l'Exposition provinciale, puis aux expositions d'artisanat qui se multiplient au Québec. Lors de ces expositions, elles se démarquent souvent par la qualité de leurs pièces et font ainsi connaître leur travail et leur expertise. Les concours deviennent un moteur de leurs activités. La publication d'un périodique est un autre moyen de mettre leurs arts textiles en valeur : ces derniers sont présents dans La bonne Fermière (à partir de janvier 1920), mais ce n'est qu'en 1941 que La Revue des Fermières accorde une place de choix aux arts textiles. La revue devient un organe de diffusion, voire de régulation puisqu'elle établit les «bonnes pratiques» à adopter et les critères d'évaluation des pièces d'exposition. Encore aujourd'hui, la revue L'Actuelle contient des patrons, des chroniques spécialisées sur les techniques ainsi que des consignes relatives aux différents concours.

Depuis un siècle, les Fermières ont ainsi recours à différents moyens pour atteindre leurs objectifs et pour répondre à la mission qu'elles se donnent, soit «l'amélioration des conditions de vie des femmes et de la famille ainsi que la transmission du patrimoine culturel et artisanal». Toujours présentes dans les villes et les campagnes du Québec et investies dans leur communauté, les Fermières sont les gardiennes de savoir-faire textiles qu'elles se transmettent au sein des Cercles depuis leur fondation en 1915.

Les savoir-faire textiles transmis au sein des Cercles de Fermières sont désignés comme élément du patrimoine immatériel en 2015.

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Contexte

Les savoir-faire textiles sont des habiletés techniques que la majorité des Fermières du Québec cherchent à acquérir ou à perfectionner au sein de leur cercle local. Dès l'âge de 14 ans, celles qui souhaitent améliorer «les conditions de vie des femmes et de la famille» et qui veulent participer à «la transmission du patrimoine culturel et artisanal» peuvent devenir membres. Quand elles se réunissent, les Fermières échangent entre autres sur l'éducation des enfants, la santé et l'alimentation. Ce dernier sujet est très présent dans les publications de l'association et certains cercles offrent des ateliers de cuisine. Toutefois, les arts textiles occupent une place prépondérante dans l'ensemble des activités des Fermières : le tissage au métier, le tricot, la couture et la broderie sont les principales techniques transmises, mais d'autres arts textiles peuvent être pratiqués selon les connaissances et les savoir-faire des membres d'un cercle local.

Le contexte de réalisation des activités a une incidence sur la production textile des membres des cercles. Les lieux où se tiennent les rencontres sont très diversifiés, mais il s'agit souvent de salles communautaires. Le type de local et son coût ont une grande influence sur les activités : selon qu'elles aient des heures d'ouverture à respecter ou non, les Fermières ont des réunions plus ou moins longues et fréquentes. Celles qui doivent ranger leur matériel après chaque rencontre ont aussi une charge de travail que d'autres, qui jouissent d'un local permanent, n'ont pas. Certains équipements comme les métiers à tisser ne peuvent être déplacés facilement et demandent beaucoup d'espace.

Les Fermières exercent leur savoir-faire au quotidien. Elles réalisent vêtements, linge de maison, accessoires ou pièces décoratives pour elles-mêmes ou pour leurs proches. Certaines participent à des oeuvres caritatives en confectionnant des bonnets pour les nouveau-nés, des marionnettes aux doigts pour les enfants qui reçoivent un vaccin, des foulards pour les personnes atteintes du cancer ou des sacs de transport pour les effets personnels des enfants qui sont retirés de leur milieu familial. Aussi, certaines Fermières versent à des organismes communautaires le fruit des ventes de leurs pièces textiles, s'engageant ainsi pour des causes sociales qui leur tiennent à coeur. La notion d'entraide est d'ailleurs très forte dans le regroupement.

Novices ou chevronnées, les artisanes partagent un espace de travail et de l'équipement, mais surtout leur expérience et leurs connaissances. Chaque membre a son propre parcours, son histoire familiale, ses occupations, mais la plupart des femmes qui adhèrent aux Cercles de Fermières le font à un moment charnière de leur vie : maternité, déménagement ou retraite, par exemple. Certaines fondatrices d'un cercle local avaient le dessein de créer un espace de rencontre pour les femmes de leur communauté, d'autres ont tout naturellement suivi les traces de leur mère ou de leurs tantes en devenant membre du regroupement. De nos jours, l'organisation compte environ 34 000 membres, dont une fraction seulement réside sur une terre agricole. Des Îles-de-la-Madeleine à l'Abitibi, en passant par la métropole, toutes les régions du Québec ont des Cercles de Fermières au sein desquels les savoir-faire textiles se transmettent dans un esprit de solidarité féminine.

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Apprentissage et transmission

Les savoir-faire textiles des Fermières de la première heure ont d'abord été acquis en milieu familial ou à l'école ménagère qu'elles ont fréquentée avant de joindre un Cercle. Les arts textiles ont ensuite fait l'objet d'un enseignement spécialisé auprès des membres du regroupement : dès le milieu des années 1920, le ministère de l'Agriculture confie à des expertes - certaines venues d'Europe - le mandat de former des Fermières dans leur milieu. Par la suite, les cercles locaux sont invités à déléguer une représentante qui sera formée à l'École des arts paysans, fondée en 1930. Les Fermières animent ensuite des ateliers sur les techniques qu'elles ont apprises. Des «visiteuses» parcourent aussi le Québec pour prodiguer des conseils aux cercles, tandis que d'autres techniciennes chevronnées restent dans la capitale pour donner des cours selon leurs compétences. Encore aujourd'hui, l'organisation voit à la formation et au perfectionnement de personnes-ressources dans le secteur des arts textiles.

Les Cercles de Fermières du Québec forment une corporation provinciale qui chapeaute 25 fédérations qui, elles, regroupent les cercles locaux d'une même région. Au regard des savoir-faire textiles, la tenue d'un concours provincial annuel est un des éléments-clés pour l'apprentissage et la transmission des arts textiles au sein des Cercles. Le concours est très prenant pour le conseil d'administration de la corporation provinciale, en particulier pour les responsables du comité «Arts textiles» qui élaborent son programme plus d'un an à l'avance. Les membres de ce comité doivent réaliser les pièces qui établissent les exigences du concours et qui servent d'exemples aux participantes. L'inscription au concours n'est pas obligatoire, mais tous les cercles reçoivent la documentation nécessaire à l'exécution des techniques et sont incités à y prendre part. Chaque année, cinq techniques sont mises de l'avant : tissage, couture, tricot, fantaisie (broderie, dentelle, etc.) et une technique spéciale, souvent délaissée ou méconnue. Le comité provincial pose ainsi un défi à ses membres et souhaite la réinsertion ou l'ajout d'un savoir-faire textile dans le répertoire des Fermières. Si le principe des concours convient moins à celles qui n'aiment pas faire juger leur travail, il en motive d'autres qui s'y investissent pleinement. Les concours servent de moteur à l'apprentissage et à la production.

En dehors des concours et sur le plan local, le choix des arts textiles à l'étude se fait en fonction de la capacité des Fermières d'enseigner une technique, mais aussi au gré des demandes des nouvelles recrues et des membres. Puisque chaque cercle est responsable de la programmation de ses ateliers, il est difficile de dresser l'inventaire exhaustif des techniques qui sont enseignées. Cependant, les nombreuses publications des Cercles de Fermières du Québec rendent compte de la grande diversité des techniques pratiquées par leurs membres, de génération en génération.

Aujourd'hui, le principal enjeu de l'association est le recrutement. Plusieurs cercles s'efforcent de sensibiliser les jeunes à la valeur du travail artisanal et de les attirer dans leurs rangs. Le comité provincial d'arts textiles a aussi mis en place le concours «Artisanat jeunesse» pour lequel il choisit une technique simple à montrer aux filles d'âge scolaire. Certaines Fermières prennent même l'initiative d'offrir, par exemple, un atelier de tricot pendant l'heure du dîner ou après la classe.

Comme en témoigne l'énoncé de la mission des Cercles de Fermières du Québec, «transmettre le patrimoine artisanal» est une des raisons d'être de l'organisation et une vocation pour bien des membres. La transmission des savoir-faire textiles au sein des Cercles de Fermières repose sur la volonté d'une artisane d'expérience de léguer ses connaissances à une apprentie qui s'engagera à les mettre en pratique.

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