Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Fabrication artisanale d'accordéons à Montmagny

Type :

Patrimoine immatériel

Autre(s) nom(s) :

  • Facture d'accordéons

Région administrative :

  • Chaudière-Appalaches

Municipalité :

  • Montmagny

Vitalité :

  • Vivant

Type d'élément :

  • Savoir-Faire

Classification :

  • Pratiques expressives > Activités artisanales > Métiers d'art > Facture instrumentale

Éléments associés

Patrimoine immatériel associé (2)

Inventaires associés (1)

Images

Description

La fabrication artisanale d'accordéons est une pratique qui s'exerce à Montmagny depuis le milieu du XXe siècle. Les artisans établis dans cette ville fabriquent principalement des accordéons diatoniques à une rangée de 10 boutons inspirés des modèles fabriqués industriellement en Allemagne au début du siècle dernier. Ils ont développé leurs propres outils et techniques pour produire des accordéons qui se distinguent au niveau de la sonorité, des registres de jeux ou de l'esthétique. Les accordéons de Montmagny sont fabriqués dans de petits ateliers où travaillent habituellement seulement un ou deux artisans. Chaque instrument est constitué de plusieurs pièces minuscules qui doivent être ajustées avec beaucoup de soins, nécessitant plusieurs heures de travail. La région de Montmagny est reconnue pour la qualité de ses facteurs d'accordéons et elle demeure l'un des rares endroits dans le monde où l'accordéon diatonique à une rangée de 10 boutons est encore fabriqué artisanalement.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Identification Élément du patrimoine immatériel Municipalité (Montmagny) 2016-04-04
 
Inventorié --
 

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Historique

La fabrication artisanale d'accordéons remonte à la fin du XIXe siècle au Québec, mais ce n'est qu'à partir des années 1950 qu'elle s'impose dans la région de Montmagny. Marcel Messervier, dont le père Joseph réparait les accordéons dans ses temps libres, a été le premier artisan à ouvrir un atelier à Montmagny. Il démantelait de vieux instruments de marque « Ludwig » ou « Hohner » importés d'Allemagne et récupérait certaines de leurs pièces qu'il adaptait ensuite à ses créations. Alliant les aptitudes manuelles de l'artisan et la virtuosité musicale de l'accordéoniste, il a développé ses propres méthodes de travail et atteint une qualité sonore qui a fait la renommée de ses instruments. D'autres résidents de Montmagny se sont lancés dans l'aventure par la suite, mais la fabrication d'accordéons n'a jamais été leur principale occupation et leur production était destinée surtout à leurs parents et amis. Ce n'est qu'au début des années 1990, qu'un autre atelier de fabrication artisanale d'accordéons a vu le jour à Montmagny. Mis sur pied par Raynald Ouellet et Sylvain Vézina, « Accordéon Mélodie » s'est spécialisé dans la fabrication d'accordéons haut de gamme. En 2007, Sylvain Vézina et Raynald Ouellet ont obtenu le prix « Reconnaissance à un facteur d'instrument » dans le cadre des prix Opus du Conseil québécois de la musique. De nos jours, on retrouve au moins quatre facteurs d'accordéons à Montmagny. La plupart d'entre eux fabriquent eux-mêmes presque toutes les pièces qui composent l'instrument, mis à part les anches (petites pièces métalliques qu'on retrouve à l'intérieur des accordéons) et le carton utilisé pour les soufflets qui sont importés d'Italie. Les productions des artisans de Montmagny se retrouvent non seulement au Québec, mais aussi au Canada, aux États-Unis et même en Europe et plusieurs accordéonistes se font une fierté de jouer sur un instrument fabriqué à Montmagny.

La fabrication artisanale d'accordéons à Montmagny a été identifiée en 2016.

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Contexte

Fabriquer un accordéon demande beaucoup d'habileté et de précision. Chaque instrument est une petite merveille mécanique et acoustique. L'accordéon diatonique à une rangée de 10 boutons est constitué de plusieurs parties et la fabrication de chacune d'entre elles exige beaucoup de temps. Le boîtier est composé de deux caisses en bois de forme rectangulaire. Ces caisses sont la plupart du temps ornées d'incrustations de bois exotiques avant d'être sablées et vernies. L'essence de bois choisie et les ajouts décoratifs contribuent à l'esthétique de l'instrument et à son unicité. Le clavier mélodique nécessite à lui seul de nombreuses heures de travail puisqu'il comporte plusieurs ouvertures où seront insérés les boutons ou touches ainsi que les broches qui relient ces boutons aux clapets permettant à l'air de pénétrer dans l'instrument. Toutes ces pièces sont fabriquées sur place et ajustées une à une. Les clapets sont aussi de fabrication artisanale. Ils sont constitués de pièces en bois, en cuir et en feutre collées les unes sur les autres. Ils doivent aussi être ajustés afin de s'assurer qu'ils ne claquent pas trop fort en se refermant et qu'ils soient bien étanches, empêchant l'air de s'échapper de l'instrument. Le clavier des accords nécessite un peu moins de travail puisqu'il comporte seulement deux touches actionnant des accords prédéfinis et une soupape permettant de remplir ou vider le soufflet quand ce dernier est étiré ou replié au maximum. Le soufflet est un élément essentiel qui exige lui aussi beaucoup de travail. Le carton avec lequel il est fabriqué est manufacturé et importé d'Italie. Souple et résistant, il est déjà façonné en plis réguliers. Le facteur d'accordéons le coupe à angle et l'assemble de façon à ce qu'il prenne une forme rectangulaire. Il colle ensuite une pièce de cuir en forme de losange dans chaque coin intérieur des plis du soufflet pour assurer son étanchéité puis il le recouvre d'un tissu décoratif. Pour le solidifier, il ajoute des pièces métalliques sur les coins extérieurs des plis du soufflet et il les recouvre en collant un ruban sur les crêtes des plis. Les deux extrémités du soufflet sont par la suite fixées à un cadre de bois conçu pour s'ajuster parfaitement au boîtier. Certains accordéons comportent aussi des tirettes qui peuvent être actionnées manuellement afin de modifier la sonorité de l'instrument. Ces tirettes, qui permettent d'ouvrir ou de fermer les ouvertures correspondant aux différents registres de l'instrument, sont fabriquées à l'aide d'un tour à bois et intégrées à la partie supérieure droite du boîtier. L'intérieur de l'accordéon est la partie la plus complexe. Il est constitué d'un sommier sur lequel sont fixées de petites lamelles métalliques de différentes dimensions. Ce sont ces petites lamelles, appelées anches, qui produisent les sons lorsque l'air propulsé par le soufflet les fait vibrer. Chaque anche peut produire deux notes différentes, selon qu'on pousse sur le soufflet ou qu'on tire sur ce dernier. Les anches supérieures, de grande dimension, produisent un son grave, tandis que les anches inférieures, de plus petite dimension, produisent un son plus aigu. Ces anches sont importées d'Italie et fixées au sommier à l'aide de cire d'abeille. Les artisans de Montmagny fabriquent eux-mêmes les sommiers et choisissent l'essence de bois selon le timbre désiré pour l'instrument. Le facteur d'accordéon ajuste ensuite les touches qui actionnent les accords qu'il a définis en suivant un ordre précis. La fabrication d'un accordéon s'achève par l'assemblage des différentes pièces qui composent l'instrument, le réglage des divers mécanismes et l'accordement. Travail de haute précision, l'accordement requiert beaucoup de minutie puisque chaque anche doit être accordée une par une à l'aide d'une lime très fine ou d'un grattoir. Ce n'est qu'au terme de cette longue opération que le travail du fabricant d'accordéon prend fin.

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Apprentissage et transmission

La plupart des fabricants d'accordéons de Montmagny ont appris leur métier par leurs propres moyens. C'est en démantelant un vieil instrument qu'ils se sont familiarisés avec les différentes composantes de l'instrument et son fonctionnement. Il faut dire que plusieurs d'entre eux connaissaient bien le travail du bois et jouaient déjà de l'accordéon. Ils possédaient donc certains savoirs et savoir-faire qui allaient leur être utiles dans leur nouvelle pratique puisque le bois est le principal matériau utilisé dans la fabrication des accordéons et l'acoustique un élément clé dont les fabricants doivent tenir compte. Mais la fabrication d'un accordéon requiert des connaissances pratiques et théoriques qui outrepassent ces savoirs et savoir-faire. Ils ont dû faire preuve de beaucoup d'ingéniosité pour réussir à produire leurs propres instruments. Certains ont récupéré des pièces provenant d'anciens accordéons, d'autres ont conçu eux-mêmes les outils permettant de confectionner certaines pièces métalliques comme les boutons et les broches soutenant les clapets. Ils ont aussi dû apprivoiser le travail de matériaux comme le carton, la toile et le cuir, principaux éléments d'un soufflet d'accordéon. Ce n'est qu'après beaucoup d'essais et erreurs qu'ils sont parvenus à fabriquer des accordéons de plus en plus raffinés, dotés d'une richesse sonore exclusive.

De nos jours, il n'existe toujours pas d'institution qui enseigne comment fabriquer des accordéons au Québec, mais le savoir-faire se transmet souvent d'une génération à l'autre. C'est désormais en observant le travail d'un artisan plus expérimenté, la plupart du temps un membre de la famille (père, oncle, grand-père), que les jeunes apprennent à fabriquer un accordéon. La transmission orale fait aussi partie du processus d'apprentissage. Les fabricants d'accordéons expérimentés communiquent aux plus jeunes des informations et conseils techniques qui leur permettent d'acquérir les connaissances et habiletés nécessaires pour développer leur art.

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Emplacement

Region administrative :

  • Chaudière-Appalaches

MRC :

  • Montmagny

Municipalité :

  • Montmagny

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Références

Notices bibliographiques :

  • BILLARD, François et Didier ROUSSIN. Histoires de l'accordéon. Paris, Institut national de l'audiovisuel, 1991. 488 p.
  • Enregistrement avec LACOMBE, Ulric, réalisé par MARCHAND, Suzanne, « L'accordéon diatonique », Inventaire du patrimoine immatériel magnymontois, Ville de Montmagny (dir.), Montmagny, 23 avril 2014.
  • LE GUÉVEL, Yves. « L'implantation de l'accordéon au Québec : des origines aux années 1950 ». Bulletin Mnémo. Vol. 4, no 2 (1999), s.p.
  • LE GUÉVEL, Yves. La musique traditionnelle instrumentale canadienne-française en milieu urbain : le cas de Québec (1930-1960). Université Laval, 1997. 125 p.
  • LE GUÉVEL, Yves. « Les modes d'acquisition des savoir-faire des fabrications d'accordéons diatoniques québécois ». Ethnologies. Vol. 21, no 1 (1999), p. 85-96.
  • LEGAULT, Normand. L'accordéon diatonique comme pratique culturelle au Québec. Ministère de la Culture et des Communications (dir.), 2011. 62 p.
  • Enregistrement avec OUELLET, Raynald, réalisé par MARCHAND, Suzanne, « L'accordéon diatonique », Inventaire du patrimoine immatériel magnymontois, Ville de Montmagny (dir.), Montmagny, 28 avril 2014.
  • OUELLET, Raynald et Martine ROBERGE. « Le monde de l'accordéon au Québec ». Cap-aux-Diamants. No 67 (2001), p. 24-28.
  • Enregistrement avec VÉZINA, Vicky et Sylvain VÉZINA, réalisé par MARCHAND, Suzanne, « La fabrication d'accordéons », Inventaire du patrimoine immatériel magnymontois, Ville de Montmagny (dir.), Montmagny, 30 avril 2014.

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