Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Ensemble d'immeubles patrimoniaux de l'Île-des-Moulins

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Site historique de l'Île-des-Moulins

Région administrative :

  • Lanaudière

Municipalité :

  • Terrebonne

Période :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Thématique :

  • Patrimoine industriel

Usage :

  • Non applicable

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (8)

Personnes associées (3)

Images

Carte

Description

L'ensemble d'immeubles patrimoniaux de l'Île-des-Moulins est un complexe industriel aménagé au XIXe siècle. Il se compose de bâtiments massifs en pierre, dont plusieurs utilisent l'énergie hydraulique, et de structures pour contrôler le débit de l'eau. L'ensemble d'immeubles patrimoniaux de l'Île-des-Moulins est situé sur une île de la rivière des Mille Îles, au coeur du Vieux-Terrebonne, dans la ville de Terrebonne.

Les biens de cet ensemble sont classés immeubles patrimoniaux. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur des trois moulins de la jetée, du bureau seigneurial, du moulin neuf, de la boulangerie ainsi qu'aux barrages de déversoir, d'alimentation et de contrôle. Les terrains sont également visés par la protection. Un site inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec est associé au lieu.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1973-12-12

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 6 - Intérieur notable
  • 8 - Terrain supérieur
  • 10 - Bien classé pour son intérêt archéologique

Statuts antérieurs

  • Classement, 1973-07-09
 

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Valeur patrimoniale

L'ensemble d'immeubles patrimoniaux de l'Île-des-Moulins présente un intérêt pour sa valeur historique. Ce complexe industriel, situé en bordure de la rivière des Mille Îles, est l'un des premiers et des plus importants de la région de Montréal durant la première moitié du XIXe siècle. L'utilisation de la force hydraulique de la rivière débute entre 1720 et 1745, mais décline durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Au début du XIXe siècle, l'emplacement devient stratégique pour le commerce des fourrures, alors qu'il appartient au riche marchand Simon McTavish (vers 1750-1844), l'âme dirigeante de la Compagnie du Nord-Ouest. Il constitue à cette époque un lieu de production et d'échange lié au développement des pays d'en Haut. Joseph Masson (1791-1847) l'acquiert en 1832 et renforce son caractère industriel. Au XIXe siècle, l'île compte notamment des moulins à farine, des moulins à carder et à fouler, des moulins à scie, des entrepôts, des bâtiments secondaires, des barrages, des docks ainsi qu'une boulangerie. Le déclin du complexe industriel à la fin du siècle coïncide, entre autres, avec l'apparition de nouvelles sources d'énergie. Par ailleurs, cet ensemble constitue le plus ancien complexe industriel d'envergure qui subsiste au Québec, les autres ensembles conservés datant généralement de la fin du XIXe siècle ou du début du siècle suivant. Ses installations diversifiées évoquent les nombreuses activités qui s'y sont déroulées entre 1800 et 1883. Le site archéologique témoigne aussi de l'ancienneté de l'occupation industrielle, qui remonte au XVIIIe siècle.

L'ensemble d'immeubles patrimoniaux de l'Île-des-Moulins présente un intérêt pour sa valeur architecturale. La boulangerie (1803), qui constitue le plus ancien édifice du complexe, témoigne de l'apport anglais dans l'architecture québécoise dès le début du XIXe siècle. Le moulin à farine (1846), le bureau seigneurial (après 1847) et le moulin neuf (1850) s'inscrivent dans le courant néoclassique. Ces bâtiments en retiennent les volumes, l'ordonnance régulière des ouvertures et la symétrie des façades. Ils sont toutefois dépourvus d'ornementation. L'ensemble constitue donc un exemple éloquent de l'architecture industrielle d'inspiration néoclassique de la première moitié du XIXe siècle.

L'ensemble d'immeubles patrimoniaux de l'Île-des-Moulins présente en outre un intérêt pour sa valeur historique comme témoin d'un concept de restauration pratiqué dans les années 1970. Cette approche dite « historique » propose le retour à un état antérieur jugé significatif, en fonction d'objectifs politiques ou idéologiques, par les maîtres d'oeuvre du projet. Elle est corolaire du courant nationaliste québécois qui anime la pensée politique des années 1970. Le ministère des Affaires culturelles du Québec a appliqué ce concept aux bâtiments de l'Île-des-Moulins et les restaurateurs ont choisi comme période de référence celle des seigneurs Masson, de 1832 à 1883. À titre d'exemple, les travaux ont rendu au moulin neuf son toit à deux versants qui avait été remplacé par un toit plat. À la fin des années 1970, l'ensemble d'immeubles patrimoniaux de l'Île-des-Moulins constitue le second chantier de restauration historique en importance au Québec, après celui de Place-Royale à Québec. Les travaux, échelonnés sur deux décennies, seront néanmoins influencés par les chartes internationales du patrimoine, qui tiennent davantage compte de l'évolution des bâtiments et mettent en évidence les nouvelles interventions. Ainsi, un bâtiment contemporain assure maintenant la liaison entre le moulin à farine et le moulin à scie.

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.

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Éléments caractéristiques

Les éléments clés de l'ensemble d'immeubles patrimoniaux de l'Île-des-Moulins liés à ses valeurs historique et architecturale comprennent, notamment :
- sa situation sur une vaste île boisée de la rivière des Mille Îles, au coeur du Vieux-Terrebonne, et la concentration des édifices dans la partie riveraine du sud de l'île;
- la relation entre les composantes, dont les trois moulins de la jetée, le bureau seigneurial, le moulin neuf, la boulangerie, le barrage de déversoir, le barrage d'alimentation ainsi que le barrage de contrôle;
- la présence d'un site archéologique euroquébécois;
- les caractéristiques de la boulangerie, dont le corps de bâtiment de plan rectangulaire (en moellons) à trois étages et demi, le toit à deux versants droits (couvert de bardeaux de cèdre) aux larmiers courts, les fenêtres à battants à grands carreaux et les lucarnes à pignon;
- les caractéristiques du bureau seigneurial, dont le corps de bâtiment rectangulaire (en pierre de taille) à deux étages et demi, le toit à deux versants droits (couvert de tôle à la canadienne), les souches de cheminée dans le prolongement des murs pignons, les grandes fenêtres à battants avec appui en pierre, les lucarnes à pignon, le bandeau en pierre soulignant les étages et les éléments intérieurs (les boiseries sobres comprenant des chambranles et des plinthes, l'escalier, les armoires encastrées, les volets et les serrures de porte en fonte);
- les caractéristiques du moulin neuf, dont le corps de bâtiment de plan rectangulaire (en maçonnerie en pierre à bossage) à deux étages et demi, le toit à deux versants droits (couvert de tôle à la canadienne), les fenêtres à battants à petits carreaux avec linteau, jambages et appui en pierre de taille en façade, les portes, les lucarnes à pignon, les souches massives de cheminée sur le faîte, l'ouverture d'alimentation cintrée et les foyers de grandes dimensions;
- les caractéristiques des trois moulins de la jetée, dont les corps de bâtiment de plan rectangulaire de dimensions moyennes, les toits à deux versants droits (couverts de tôle), certains éléments du mécanisme du moulin à farine, dont les engrenages comprenant deux roues à dents de bois et le mécanisme d'origine du moulin à scie;
- les caractéristiques du barrage de déversoir, dont sa situation entre l'île des Moulins et l'île Saint-Jean et sa maçonnerie en béton;
- les caractéristiques du barrage d'alimentation, dont sa situation entre l'île des Moulins et Terrebonne et sa maçonnerie en béton;
- les caractéristiques du barrage de contrôle, dont sa situation à l'extrémité nord-ouest de l'île, en amont de la rivière des Mille Îles, entre l'île des Moulins et Terrebonne et sa maçonnerie en béton.

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Informations historiques

La seigneurie de Terrebonne, qui comprend l'île des Moulins, est concédée au sieur André Daulier Deslandes (1621-1715) en 1673, mais son exploitation tarde. Louis Le Comte Dupré (vers 1654-1715) l'acquiert en 1681 et néglige également ses devoirs seigneuriaux. Aussi les autorités coloniales permettent-elles aux censitaires d'ériger un moulin sur l'île en 1707. Un premier complexe industriel est aménagé en bordure de la rivière des Mille Îles par le seigneur Louis Lepage (1690-1762) entre 1720 et 1745. Il comprend, dès 1721, un moulin à farine et un moulin à scie hydraulique ainsi que des chaussées ou barrages qui confirment le potentiel énergétique de la rivière. Le complexe perd cependant progressivement de son importance et il ne subsiste aucun bâtiment de cette époque.

En 1802, la seigneurie est vendue à Simon McTavish (vers 1750-1844), riche marchand de Montréal et dirigeant de la Compagnie du Nord-Ouest, qui réaménage l'île des Moulins. Il en fait un centre industriel (farine, tissu, bois) et commercial (fourrure) prospère. Le déclin du commerce des fourrures marque néanmoins un tournant dans l'histoire du lieu, car les marchandises qui y sont produites doivent être écoulées différemment et les moulins ne desservent désormais que la clientèle des cultivateurs. Des nombreux bâtiments construits par McTavish, seule la boulangerie (1803) subsiste.

Joseph Masson (1791-1847) achète la seigneurie aux enchères en 1832 et fait ériger le moulin à farine en 1846. Sa veuve, Geneviève-Sophie Raymond (1798-1883), poursuit l'exploitation de l'île et construit le bureau seigneurial (après 1847) et le moulin neuf (1850), qui devient l'une des trois plus importantes manufactures d'étoffes du Bas-Canada (Québec). Après le décès de Geneviève-Sophie Raymond en 1883, le site décline, victime notamment de l'apparition de nouvelles sources d'énergie. Les moulins cessent de tourner les uns après les autres. Au siècle suivant, le complexe change de mains à plusieurs reprises et subit de nombreuses transformations.

L'ensemble d'immeubles patrimoniaux de l'Île-des-Moulins est classé en 1973. Le ministère des Affaires culturelles l'acquiert l'année suivante, puis entreprend sa restauration et sa mise en valeur. Acheté par la Ville de Terrebonne en 1995, l'ensemble est maintenant un important centre culturel et récréotouristique.

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Emplacement

Region administrative :

  • Lanaudière

MRC :

  • Les Moulins

Municipalité :

  • Terrebonne

Adresse :

  • 900, place de l'Île-des-Moulins

Latitude :

  • 45° 41' 33.7"

Longitude :

  • -73° 38' 18.4"

Désignation cadastrale

Circonscription foncière Division cadastrale Désignation secondaire Numéro de lot
Terrebonne Ville de Terrebonne Absent 320
321
412
413
413-1 à 413-34 incl.

Code Borden

BkFj-1      

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Références

Liens Internet :

Notices bibliographiques :

  • BEAUDET, Gérard. « Le site historique de l’Île-des-Moulins, un second souffle ». Continuité. No 60 (1994), p. 45-46.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • NOPPEN, Luc. « Île des Moulins ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 429-433.
  • PINARD, Guy. Montréal, son histoire, son architecture. Vol. 2. Montréal, Les Éditions La Presse, 1988. 421 p.
  • s.a. L'Île des Moulins. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1979. s.p.

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