Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Cimetière Gisla

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Estrie

Municipalité :

  • Milan

Date :

  • vers 1857 – (Ouverture)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Usage :

  • Services et institutions (Cimetières)

Éléments associés

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Carte

Description

Le cimetière Gisla est un lieu de sépulture probablement aménagé à partir de 1857. Ce cimetière de taille moyenne se compose d'un terrain dégagé présentant une légère pente et est délimité par une clôture. Les stèles sont disposées en rangées. Le cimetière est situé en bordure d'un chemin rural. Il se trouve dans un environnement fortement boisé, dans la municipalité de Milan.

Ce bien est cité site patrimonial.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Citation Site patrimonial Municipalité (Milan) 1995-08-07
 

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Valeur patrimoniale

Le cimetière Gisla présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique comme témoin du peuplement du secteur par des immigrants écossais de langue gaélique. À partir des années 1830, de nombreuses familles originaires de l'archipel des Hébrides, au nord-ouest de l'Écosse, sont contraintes à l'émigration. En effet, elles sont expulsées des terres qu'elles cultivent et quittent aussi en raison de la famine chronique aggravée notamment par la maladie de la pomme de terre. Les premiers Écossais de langue gaélique s'installent dans les Cantons de l'Est en 1838, principalement dans le canton de Lingwick. De nombreux autres immigrants hébridéens viennent les rejoindre au cours des décennies suivantes. Vers le milieu du XIXe siècle, des chemins de colonisation sont ouverts, et le gouvernement octroie des terres à tout homme âgé de plus de 18 ans. Les Écossais s'installent alors sur ces terres qui leur sont offertes dans les cantons voisins, soit Winslow, Whitton, Marston et Hampden. Jusqu'au début du XXe siècle, cette zone est colonisée presque exclusivement par des Écossais de foi presbytérienne et de langue gaélique. Le lieu-dit Gisla, nommé d'après un hameau de l'île de Lewis, comporte notamment une église presbytérienne. Le cimetière Gisla est probablement aménagé en 1857. Les patronymes d'un grand nombre de stèles, tels que MacLeod, MacDonald, MacAulay, MacArthur et Morrison, rappellent l'origine écossaise d'une forte partie de la population de la région. Le cimetière constitue par ailleurs un des derniers témoins de l'existence du hameau de Gisla.

Le cimetière Gisla présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur historique reposant sur son association avec Donald Morrison (1858-1894), hors-la-loi célèbre de la fin du XIXe siècle. Il est le fils de Murdo Morrison (1818-1895) l'un des pionniers du canton de Whitton arrivé de l'île de Lewis en 1838. Donald Morrison travaille comme cow-boy dans l'Ouest canadien durant de nombreuses années, notamment pour soutenir financièrement sa famille. Quelques années après son retour dans la région, en 1886, son père se trouve dans l'incapacité de rembourser ses dettes. Il perd sa ferme qui est aussitôt revendue. L'étable de l'ancienne ferme familiale est incendiée et des coups de feu sont tirés sur la maison, en mai 1888. Morrison, ne cachant pas son désir de vengeance, est immédiatement soupçonné de vandalisme et de tentative de meurtre. Il n'y a pas de police organisée dans les municipalités environnantes, Lucius Warren (mort en 1888), un contrebandier, est alors engagé pour arrêter Morrison. Le 22 juin 1888, les deux hommes se rencontrent dans la rue principale de Lac-Mégantic. Warren dégaine son revolver, mais il est abattu par Morrison. Accusé de meurtre, Morrison réussit à déjouer durant plusieurs mois les nombreux policiers envoyés de Sherbrooke, Montréal et Québec pour l'appréhender. Il est caché et nourri par la communauté écossaise de la région. Malgré la prime élevée offerte en récompense pour sa capture, personne ne le dénonce aux autorités. L'histoire du fugitif est racontée dans les journaux à travers le pays. Morrison est finalement capturé en avril 1889 et condamné en octobre à purger 18 ans de pénitencier à Montréal. La santé de Morrison déclinant rapidement, il est gracié et libéré le 19 juin 1894. Immédiatement transporté à l'hôpital, il meurt quelques heures plus tard. Il est enterré dans le cimetière Gisla, entouré de plusieurs membres de sa famille.

Le cimetière Gisla présente en outre un intérêt patrimonial pour ses valeurs historique et paysagère liées à sa représentativité par rapport à ce type de lieu de sépulture. L'implantation isolée du lieu, son intégration discrète à l'environnement naturel et la sobriété des stèles sont caractéristiques des cimetières ruraux des communautés protestantes. Le cimetière Gisla illustre ainsi l'identité religieuse de ceux qui y reposent.

Source : Municipalité de Milan, 2008.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du cimetière Gisla liés à ses valeurs historique et paysagère comprennent, notamment :
- son implantation sur un terrain dégagé présentant une légère pente, en bordure d'un chemin rural, dans un environnement fortement boisé, à l'écart du noyau villageois;
- la présence d'une clôture ainsi que d'une arche d'entrée comprenant un panneau portant l'inscription « Gisla »;
- l'alignement des stèles en rangées droites;
- les monuments funéraires en pierre, d'apparence sobre;
- la présence de nombreuses stèles portant des patronymes d'origine écossaise, notamment MacArthur, MacAulay, MacDonald, MacLeod et Morrison;
- la sépulture de Donald Morrison (1858-1894).

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Informations historiques

Le cimetière Gisla est aménagé dans le canton Whitton, par des pionniers écossais. À partir des années 1830, de nombreuses familles originaires de l'archipel des Hébrides, en Écosse, sont contraintes à l'émigration vers le Canada ou l'Australie. Certaines sont expulsées par les grands propriétaires terriens. Ceux-ci veulent rentabiliser leurs terres en remplaçant les cultures par l'élevage du mouton. D'autres familles sont chassées par la famine chronique, aggravée notamment par la maladie de la pomme de terre. En 1838 arrive un premier groupe d'environ 200 immigrants écossais, majoritairement originaires de l'île de Lewis, de foi presbytérienne et de langue gaélique. Ils s'installent dans le canton de Lingwick, sur des terres vendues par la British American Land Company (BALC). Leur nombre s'agrandit dans les décennies suivantes. Vers le milieu du XIXe siècle, le gouvernement octroie des terres à tout homme âgé de plus de 18 ans. Beaucoup d'Écossais quittent alors les terres vendues par la BALC pour s'installer sur ces terres nouvellement ouvertes dans les cantons voisins, soit dans Winslow, Whitton, Marston et Hampden.

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, ces cantons sont peuplés en grande partie par les immigrants hébridéens et leurs descendants. Le lieu-dit Gisla est nommé d'après un hameau de l'île de Lewis. Le cimetière Gisla est vraisemblablement utilisé comme lieu de sépulture depuis 1857. La petite agglomération compte aussi, à la fin du XIXe siècle, une église presbytérienne. Toutefois, le hameau se développe peu comparativement au village de Milan où passe le chemin de fer.

Donald Morrison (1858-1894) est enterré dans le cimetière Gisla. Il est le fils d'un des pionniers du canton, Murdo Morrison (1818-1895) arrivé de l'île de Lewis en 1838. Il conduit des troupeaux dans l'Ouest canadien durant de nombreuses années pour soutenir financièrement sa famille. En 1886, après son retour dans les Cantons de l'Est, son père se trouve dans l'incapacité de rembourser ses dettes. Il perd ainsi la ferme familiale qui est aussitôt revendue. En mai 1888, l'étable de l'ancienne ferme familiale est incendiée et des coups de feu sont tirés sur la maison. Donald Morrison, ne cachant pas son désir de vengeance, est immédiatement soupçonné de vandalisme et de tentative de meurtre. Puisque aucune police organisée ne peut l'arrêter, Lucius Warren (mort en 1888), un contrebandier américain, est engagé pour l'appréhender. Le 22 juin 1888, les deux hommes se rencontrent dans la rue principale de Lac-Mégantic. Warren est abattu par Morrison. Accusé de meurtre, Morrison réussit à déjouer durant plusieurs mois les nombreux policiers envoyés de Sherbrooke, Montréal et Québec pour l'arrêter. Il est caché et nourri par la communauté écossaise de la région. Malgré la prime élevée offerte en récompense pour sa capture, personne ne le dénonce. L'histoire du fugitif est racontée dans les journaux à travers le pays et il devient célèbre. Morrison est finalement capturé en avril 1889 et condamné en octobre à purger 18 ans de pénitencier à Montréal. La santé de Morrison décline rapidement. Il est gracié et il est libéré le 19 juin 1894. Immédiatement transporté à l'hôpital, il meurt quelques heures plus tard.

À partir du début du XXe siècle, de nombreux Écossais de la région partent vers les centres urbains de la province, l'Ouest canadien ou les centres industriels de l'Ontario et du nord des États-Unis. Ils y recherchent de meilleures possibilités d'emploi. Ces vagues d'émigration entraînent un déclin rapide de la population d'origine écossaise de la région, notamment après 1930. Toutefois, le cimetière Gisla garde sa fonction de lieu de sépulture pour les descendants des pionniers venus des Hébrides.

Le cimetière Gisla est constitué site du patrimoine en 1995. Il est devenu un site patrimonial cité à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.

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Emplacement

Region administrative :

  • Estrie

MRC :

  • Le Granit

Municipalité :

  • Milan

Adresse :

  • chemin Gisla

Latitude :

  • 45° 38' 1.2"

Longitude :

  • -71° 8' 42.8"

Désignation cadastrale

Circonscription foncière Division cadastrale Désignation secondaire Numéro de lot
Frontenac Canton de Winslow Rang 5 Sud-Est partie Ouest 11 ptie
12 ptie

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Références

Notices bibliographiques :

  • BENNETT, Margaret. Oatmeal and the Catechism : Scottish Gaelic Settlers in Quebec. McGill-Queen's University Press, Montréal, 1998. 326 p.
  • DOUCET, Laurel, dir. Cultural Retention & Demographic Change : Studies of the Hebridean Scots in the Eastern Townships of Quebec. Ottawa, Musées nationaux du Canada, 1980. 170 p.
  • KESTEMAN, Jean-Pierre. Les Écossais de langue gaélique des Cantons de l'Est : Ross, Oscar Dhu, Morrison et les autres. Sherbrooke, GGC Éditions, 2000. 88 p.

Multimédias disponibles en ligne :

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