Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Église et mur du cimetière de Saint-Mathias

Type :

Patrimoine immobilier

Région administrative :

  • Montérégie

Municipalité :

  • Saint-Mathias-sur-Richelieu

Date :

  • 1784 – 1788 (Construction)
  • 1794 – 1797 (Décoration intérieure)
  • 1817 – 1818 (Rénovation)
  • 1822 – 1833 (Décoration intérieure)
  • 1953 – 1954 (Restauration)

Période :

  • Le Régime britannique (1760 à 1867)

Thématique :

  • Patrimoine religieux (Culte)

Tradition religieuse :

  • Christianisme (Catholicisme (rite latin))

Usage :

  • Services et institutions (Chapelles de cimetière et charniers)
  • Services et institutions (Cimetières)
  • Services et institutions (Églises, temples, synagogues et mosquées)

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (3)

Patrimoine mobilier associé (2)

Groupes associés (1)

Personnes associées (14)

Images

Carte

Description

Les église et mur du cimetière de Saint-Mathias forment un enclos paroissial de tradition catholique. L'église en pierre, construite de 1784 à 1788, est agrandie par le choeur et modifiée en façade en 1817 et 1818. Elle présente un plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle. Sa façade très simple est surmontée d'un clocher à deux lanternes posé sur le faîte du toit aigu à deux versants légèrement retroussés. Érigée en 1817 et 1818 à l'emplacement d'un bâtiment précédent, la sacristie, également en pierre, se greffe à l'abside dans le prolongement du choeur. Le bâtiment, de plan rectangulaire à un étage et demi, est coiffé d'un toit à deux versants droits. Un chemin couvert le relie au bras sud du transept. Le mur en pierre qui ceinture le cimetière, élevé en 1817 et 1818, se greffe de part et d'autre de la façade de l'église. Du côté de la rue principale, il est percé de portails cintrés couronnés d'un pignon. Deux petits bâtiments en pierre servant de charniers occupent les angles, l'un construit en même temps que le mur et l'autre datant de 1864. L'enclos paroissial se situe au coeur du noyau villageois de la municipalité de Saint-Mathias-du-Richelieu, face à la rivière Richelieu.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s'applique à l'extérieur et à l'intérieur de l'immeuble, au mur du cimetière, et pas au terrain.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Classement Immeuble patrimonial Ministre de la Culture et des Communications 1957-01-03

Catégories de conservation

  • 1 - Extérieur exceptionnel
  • 4 - Intérieur exceptionnel
 
Proposition de délimitation Aire de protection Ministre de la Culture et des Communications
 

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Valeur patrimoniale

Les église et mur du cimetière de Saint-Mathias présentent un intérêt patrimonial pour leur valeur historique liée à leur représentativité en tant qu'enclos paroissial. L'ensemble illustre un type d'aménagement hérité du Moyen Âge. Situé au coeur du noyau villageois, il se compose de l'église entourée du cimetière et d'un mur en pierre qui ferme l'espace sacré. Ce mur est le plus élaboré parmi ceux qui subsistent au Québec en raison de ses deux portails et de ses deux petits bâtiments d'angle. Celui construit en même temps que le mur servait à l'origine de chapelle des morts, alors que l'autre est utilisé comme charnier dès sa construction en 1864. Comme le veut la tradition, le choeur de l'église est orienté vers le soleil levant, symbole du Christ ressuscité. Il est prolongé par la sacristie, selon une disposition courante de la fin du XVIIIe siècle jusqu'au début du XXe siècle. Les enclos paroissiaux disparaissent au milieu du XIXe siècle, quand les cimetières sont aménagés en périphérie des centres urbains ou villageois et dissociés des ensembles religieux. Avec l'église construite de 1784 à 1788 et le mur élevé en 1817 et 1818, cet enclos figure parmi les plus anciens, les plus rares et les plus complets à subsister.

Les église et mur du cimetière de Saint-Mathias présentent également un intérêt patrimonial pour leur valeur architecturale. Le lieu de culte illustre la persistance de l'architecture religieuse d'inspiration française à la fin du XVIIIe siècle et certaines adaptations au contexte. Il est représentatif de la tradition architecturale française par sa maçonnerie de moellons, son plan en croix latine, sa façade très simple surmontée d'un clocher posé sur le faîte et son toit aigu à deux versants légèrement retroussés. Comme c'est le cas pour plusieurs églises, la façade a été mise au goût du jour, vraisemblablement en 1817 et 1818, avec l'ajout des portes et des fenêtres latérales. Dans le même esprit, le clocher à lanterne simple a été remplacé par le clocher actuel, qui est à deux lanternes. L'église de Saint-Mathias illustre ainsi l'évolution de l'architecture religieuse au tournant du XIXe siècle.

Les église et mur du cimetière de Saint-Mathias présentent aussi un intérêt patrimonial pour leur valeur artistique liée au décor intérieur du lieu de culte. Ce décor est l'un des plus complets et des plus représentatifs de la production ornemaniste de l'atelier des Écores. Le maître-autel de Louis Quévillon (1749-1823), avec son tombeau à la romaine et son tabernacle savamment travaillés, témoigne de l'influence de Philippe Liébert (1733-1804) sur les sculpteurs de cet atelier. La luxuriance de son ornementation est caractéristique du vocabulaire exploité à Saint-Vincent-de-Paul, tout comme les autres composantes du décor exécutées par René Beauvais dit Saint-James (1785-1837) et Paul Rollin (1789-1855), assistés de Jean-Baptiste Baret et François Dugal (1794-1862). Parmi celles-ci se trouvent la fausse voûte du transept et du choeur ornée de bas-reliefs, la coupole à la croisée du transept, les retables dont celui du choeur avec ses colonnes jumelées à guirlandes et son entablement, de même que la chaire très élaborée, le banc d'oeuvre et les trônes curial et épiscopal. Peu d'églises comprennent un ensemble regroupant ces quatre derniers éléments. Les tribunes arrière et les galeries latérales complètent le décor. L'intérieur de l'église de Saint-Mathias figure aujourd'hui parmi les beaux exemples de l'art ancien du Québec.

Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007.

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Éléments caractéristiques

Les éléments clés des église et mur du cimetière de Saint-Mathias liés à leurs valeurs historique, architecturale et artistique comprennent, notamment :
- leur situation, au coeur du noyau villageois, face à la rivière Richelieu;
- les composantes, dont l'église et le mur en pierre ceinturant le cimetière et flanquant l'église;
- le volume de l'église, dont le plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle, le toit aigu à deux versants légèrement retroussés (pourvu de croupes au transept), le clocher à deux lanternes posé sur le faîte en façade, la sacristie dans le prolongement du choeur et le chemin couvert reliant la sacristie au bras sud du transept;
- les matériaux, dont la maçonnerie de moellons et certains détails en pierre de taille, la couverture en tôle à la canadienne, le revêtement en tôle du clocher ainsi que les ouvertures et la corniche en bois;
- les composantes de la façade, dont la grande porte centrale et les portes latérales cintrées, les deux fenêtres cintrées, l'oculus ainsi que les chambranles avec imposte en pierre de taille;
- les composantes des longs-pans, du transept et du choeur, dont les fenêtres cintrées ainsi que les chambranles avec imposte en pierre de taille;
- la sacristie de plan rectangulaire à un étage et demi, son toit à deux versants droits, ses fenêtres rectangulaires à battants ainsi que les chambranles en pierre de taille;
- les composantes du chemin couvert, dont le revêtement de planches verticales, le toit à deux versants droits et les fenêtres à battants;
- le décor intérieur, dont la fausse voûte à losanges du transept et du choeur (rehaussée de bas-reliefs dorés représentant le Christ dans le désert et la Nativité dans le choeur), la fausse voûte à rayons du cul-de-four (rehaussée d'une gloire), la fausse coupole polygonale à la croisée du transept, la fausse voûte en arc surbaissé de la nef (rehaussée de gloires), le retable d'ordre corinthien du choeur (incluant des colonnes jumelées décorées de guirlandes et un entablement avec corniche en plein cintre), les retables latéraux d'ordre composite à fronton, l'entablement du choeur et de la nef ainsi que les deux tribunes arrière et les galeries latérales galbées et supportées par des colonnes ioniques;
- le maître-autel doté d'un tombeau à la romaine et d'un tabernacle, les autels latéraux, la chaire très élaborée avec sa cuve bombée et son abat-voix hexagonal, le banc d'oeuvre d'ordre corinthien à fronton cintré et couronnement ainsi que les trônes curial et épiscopal d'ordre corinthien à corniche en arc surbaissé et couronnement;
- les caractéristiques du mur, dont la maçonnerie en pierre, le chaperon en bardeaux, les deux portails cintrés dotés de chambranles en pierre de taille et surmontés de pignons ainsi que les deux petits bâtiments d'angle.

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Informations historiques

Une desserte de la paroisse de Saint-Joseph de Chambly est fondée en 1739 à la Pointe-Olivier, en réponse à une requête des habitants établis dans l'est de la seigneurie de Chambly. Dédiée à L'Immaculée-Conception-de-la-Pointe-à-Olivier, elle est renommée Saint-Olivier en 1772, vraisemblablement en l'honneur de l'évêque Jean-Olivier Briand (1715-1794) venu en visite quatre ans plus tôt. Le premier curé résidant s'établit en 1777. En 1809, saint Mathias devient le patron de la desserte. La paroisse est érigée canoniquement en 1830.

Les habitants avaient bâti une chapelle en bois lors de l'ouverture de la desserte. À l'occasion de sa visite en 1768, l'évêque autorise la construction d'un presbytère-chapelle en pierre, qui est élevé en 1770 et 1771. Ce dernier devient rapidement exigu. Des démarches sont entreprises en 1782 pour édifier une église.

Les travaux s'étendent de 1784 à 1788 et sont réalisés par l'entrepreneur et maître maçon François Châteauneuf, le charpentier Joseph Latour et le menuisier Jacques Picard. Le choeur de l'église était alors moins profond et éclairé par deux fenêtres seulement. La façade ne comptait vraisemblablement que la porte et l'oculus centraux, et le clocher était à une seule lanterne. De plus, la sacristie était plus petite. Le mauvais état des lieux entraîne d'importants travaux, effectués en 1817 et 1818 par François Besset et François-Xavier Marcoux. Le choeur est prolongé, un clocher à deux lanternes remplace le précédent et on construit la sacristie actuelle. L'intérieur de cette dernière est l'oeuvre du sculpteur Charles Desnoyers (1806-1902). C'est vraisemblablement à ce moment que la façade de l'église est percée de portes et de fenêtres latérales. Le cimetière, aménagé en 1779, est aussi ceinturé d'un mur de pierre qui flanque cette façade. Un des deux charniers qui s'élèvent aux angles du mur est érigé en même temps que celui-ci et sert aussitôt de chapelle des morts. L'autre est ajouté en 1864. Un chemin couvert relie la sacristie à l'église dès l'origine; il sera reconstruit en 1834 et en 1894.

Le décor intérieur de l'église est amorcé par l'entrepreneur et sculpteur Louis Quévillon (1749-1823) et ses élèves, qui exécutent de 1794 à 1797 un maître-autel et une chaire. Ils auraient aussi réalisé une fausse voûte et un banc d'oeuvre acquis en 1801. Jacques Bédard fabrique en 1797 une tribune arrière. À l'exception du maître-autel, ces éléments disparaissent à la suite de l'agrandissement du choeur. Le décor est entièrement refait de 1821 à 1833 par René Beauvais dit Saint-James (1785-1837) et Paul Rollin (1789-1855), assistés de Jean-Baptiste Baret et François Dugal (1794-1862), tous de l'atelier des Écores. Le contrat exige de prendre comme modèle des éléments des églises de Marieville (incendiée en 1907), Saint-Marc-sur-Richelieu et Saint-Jean-Baptiste. Les sculpteurs font la fausse voûte, les retables, l'entablement, le banc d'oeuvre, les trônes curial et épiscopal, les galeries latérales et les tribunes arrière. Afin de compléter l'ornementation, un décor en trompe-l'oeil est peint en partie par Joseph Maringo en 1834. Les entrepreneurs Paquet et Godbout livrent quant à eux les autels latéraux en 1899 et 1900. Plusieurs oeuvres d'art s'intègrent à cet intérieur, notamment le tableau du maître-autel peint en 1811 par Louis Dulongpré (1759-1843) intitulé « L'élection de Mathias dans le collège des apôtres », la lampe du sanctuaire en bois datant de 1802 et le chandelier pascal sculpté entre 1825 et 1833 par Saint-James, Rollin, Baret ou Dugal.

En 1953 et 1954, l'historien de l'art Gérard Morisset (1898-1970) dirige d'importants travaux de restauration au cours desquels disparaît le décor intérieur peint.

Les église et mur du cimetière de Saint-Mathias sont classés en 1957.

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Emplacement

Region administrative :

  • Montérégie

MRC :

  • Rouville

Municipalité :

  • Saint-Mathias-sur-Richelieu

Adresse :

  • chemin des Patriotes

Latitude :

  • 45° 28' 26.309"

Longitude :

  • -73° 16' 5.568"

Désignation cadastrale

Circonscription foncière Division cadastrale Désignation secondaire Numéro de lot
Rouville Paroisse de Saint-Mathias Absent 57 ptie

Code Borden

BiFh-20 (en réservation)      

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Références

Notices bibliographiques :

  • BELISLE, Jean et John R. PORTER. La sculpture ancienne au Québec : trois siècles d'art religieux et profane. Montréal, Éditions de l'Homme, 1986. 503 p.
  • Commission des biens culturels du Québec. Répertoire des motifs des biens classés et reconnus (document interne). Québec, 2003. s.p.
  • LÉGARÉ, Denyse. « L'église Saint-Mathias-sur-Richelieu. Des modèles variés pour une église régionale ». Fondation du patrimoine religieux du Québec. Fondation du patrimoine religieux du Québec [En ligne]. http://www.patrimoine-religieux.qc.ca/stmathias/stmathiasf.htm
  • NOPPEN, Luc. Les églises du Québec, 1600-1850. Montréal, Fides, 1977. 298 p.
  • ROY, Guy-André. « Église et mur du cimetière ». Commission des biens culturels du Québec. Les chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec. Tome II. Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 290-291.
  • ROY, Guy-André. L'église et l'enclos paroissial de Saint-Mathias de Rouville. Collection Les Retrouvailles, 3. Québec, Ministère des Affaires culturelles, Direction générale du patrimoine, 1978. 21 p.

Multimédias disponibles en ligne :

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