Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Festivités de la mi-carême

Type :

Patrimoine immatériel

Autre(s) nom(s) :

  • Courir la mi-carême

Région administrative :

  • Chaudière-Appalaches
  • Côte-Nord
  • Gaspésie--Îles-de-la-Madeleine

Vitalité :

  • Vivant

Type d'élément :

  • Pratique

Classification :

  • Pratiques coutumières > Pratiques coutumières liées au temps > Année > Période de l'année / cycle

Description

Les festivités de la mi-carême prennent la forme d'une grande mascarade de gens costumés qui festoient et défilent de maison en maison en essayant de ne pas se faire reconnaître par leurs hôtes. Quand ils sont admis dans une maison, les participants déambulent dans la pièce centrale. Les hôtes doivent tenter de découvrir l'identité de la personne qui se cache sous le déguisement.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Inventorié --
 

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Historique

Les festivités de la mi-carême se veulent une pause au milieu du carême, moment de privation et de pénitence d'une durée de quarante jours, associé au temps liturgique chrétien. Alors que les impératifs du carême étaient strictement respectés, des moments de répit étaient les bienvenus, dont une journée réservée à la fête au milieu de ces quarante jours. Il s'agissait en quelque sorte d'une réaction populaire devant la sévérité des prescriptions de l'Église.

Dans plusieurs régions du Québec, les hommes et les jeunes célibataires se préparaient en secret à « courir » la mi-carême. Cette distraction servait aussi de prétexte aux fréquentations qui étaient interdites ou suspendues durant le carême. Les hommes parés de déguisements artisanaux peu élaborés, souvent effrayants, cognaient aux portes des maisons en demandant aux résidents s'ils recevaient des « mi-carêmes ». Une fois entrés, les « mi-carêmes » déambulaient au centre de la pièce, dansaient et circulaient en tentant de rester anonymes. Les hôtes se prêtaient au jeu et essayaient par tous les moyens de découvrir qui se cachait sous les costumes. Lorsqu'une « mi-carême » était découverte, on lui offrait quelque chose à boire, avant de continuer la tournée des maisons. La mascarade se terminait le plus souvent à la salle communautaire.

Après 1950, le carême perd progressivement de sa rigueur et conséquemment, les fêtes de la mi-carême disparaissent dans plusieurs localités, car elles n'ont plus de raison d'être. En revanche, certaines municipalités comme Saint-Antoine-de-l'Isle-aux-Grues, Natashquan ou Fatima aux Îles-de-la-Madeleine actualisent la fête. Les costumes sont plus présents, plus élaborés et d'un style plus recherché. Les festivités visent toujours à briser la monotonie de l'hiver et à rassembler la population, mais leur inscription dans un temps religieux s'est grandement atténuée. Désormais, tant les hommes que les femmes peuvent se déguiser et courir la mi-carême.

La fête n'aurait jamais été complètement interrompue dans les régions où elle se pratique encore, sauf à l'Isle-aux-Grues où il y a eu une interruption d'une dizaine d'années. Son organisation est maintenant confiée aux instances municipales qui en font un événement qui se déroule sur une semaine. Les maisons visitées par les participants sont prédéterminées, et des comités de citoyens assurent le bon déroulement de l'activité. Certains en font aussi la promotion à des fins touristiques. Les visiteurs peuvent désormais participer à la fête en tant que spectateurs lors des soirées de clôture du samedi.

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Contexte

Les festivités de la mi-carême se déroulent en mars. Les dates varient d'une année à l'autre en fonction du calendrier liturgique catholique romain et de la fête de Pâques, qui est une fête mobile. Quelques municipalités du Québec fêtent encore la mi-carême, notamment Saint-Antoine-de-l'Isle-aux-Grues (Côte-du-Sud), Fatima (Îles-de-la-Madeleine) et Natashquan (Basse-Côte-Nord). Les festivités s'étendent maintenant sur une semaine dans les trois localités, bien que pour la plupart, elles se concentrent sur trois ou quatre jours au cours desquels on fait la tournée des maisons. Uniquement fêtée en milieu rural, la mi-carême est un événement propre aux petites communautés où tout le monde se connaît.

La fête de la mi-carême est un moment très attendu de l'année qui demande une grande organisation. Les préparatifs se déroulent dans une atmosphère de mystère et de secret, car les participants tiennent à rester anonymes le plus longtemps possible. Dès l'automne, et parfois même plus tôt, les citoyens forment des groupes qui « courront » la mi-carême ensemble. Certains choisissent une thématique qui les inspirera pour la confection de leurs costumes. Ces costumes couvrent souvent les participants de la tête aux pieds, et les visages sont généralement couverts d'un masque ou d'un maquillage. Les déguisements sont fabriqués par des personnes de la localité. Par endroits, les costumes sont pratiquement identiques pour tous les membres du groupe afin de créer une confusion quant à l'identité des individus.

L'action de courir la mi-carême s'effectue plusieurs fois durant la période des festivités. Chaque soir vers 19 h, ceux qui sont communément appelés les « mi-carêmes » enfilent leur costume, se regroupent et se rendent dans les maisons décorées pour l'occasion, où les attendent les hôtes. Les groupes de gens costumés offrent une prestation de quelques minutes qui peut comporter une chorégraphie, de la danse et de la musique, et dans laquelle tous les jeux sont permis afin d'éviter d'être reconnu : décoration des instruments de musique, changement de la voix et de la démarche, etc. À la fin de la dernière soirée, le samedi, tous les participants costumés ainsi que des résidents se rejoignent à la salle communautaire et font la fête, souvent jusqu'au matin. Ces veillées, bien arrosées, laissent aussi une grande place à la musique traditionnelle. Les festivités durent plusieurs jours, et la composition des groupes peut changer chaque soir, ainsi que les costumes. La semaine débute avec des accoutrements plus sommaires comme de vieux vêtements et du rembourrage. Elle se poursuit avec des costumes des années précédentes et culmine avec la présentation des costumes inédits qui ont été confectionnés spécialement pour la nouvelle édition.

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Apprentissage et transmission

Les festivités de la mi-carême sont transmises par contact direct avec l'entourage. Dans les petites communautés, la majorité de la population participe à la fête, et ce de plusieurs façons : en se costumant et en faisant la tournée des maisons, en accueillant des « mi-carêmes » dans leur résidence, en confectionnant des costumes, ou en s'occupant de l'organisation de l'événement, de la sécurité ou de l'approvisionnement en nourriture, en boisson ou en fournitures de décoration.

Cette fête d'envergure suscite un vif intérêt chez les résidents qui, à ce moment de l'année, baignent dans une atmosphère ludique et festive. Les membres de la communauté sont rapidement initiés aux pratiques entourant la mi-carême. Plusieurs jeunes apprennent à coudre ou à décorer des costumes; on leur apprend aussi les ruses et les astuces pouvant leur permettre de découvrir l'identité des personnes déguisées. Contrairement à l'Halloween, ce sont principalement les adultes qui participent à la mi-carême. Les enfants ont hâte d'avoir l'âge d'y participer. Vers l'âge de 13 ou 14 ans, ils peuvent enfin se costumer et faire la tournée des maisons en joignant un groupe. À Fatima, une journée des petites mi-carêmes a été instaurée par l'école le mercredi. Dans les localités où se court la mi-carême, les adolescents et les adultes se réjouissent de cette fête autant, sinon plus, que d'autres fêtes comme Noël ou le Nouvel An.

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Emplacement

Region administrative :

  • Chaudière-Appalaches
  • Côte-Nord
  • Gaspésie--Îles-de-la-Madeleine

Lieux-dits :

  • Fatima
  • Île-aux-Grues
  • Natashquan

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Références

Notices bibliographiques :

  • ARSENAULT, Georges. « Mi-Carême en Acadie ». s.a. Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française [En ligne]. www.ameriquefrancaise.org
  • DUNNIGAN, Pierre et Francine SAINT-LAURENT. Mi-Carême, une fête québécoise à redécouvrir. Montréal, 400 coups, 2006. 117 p.
  • MORIN, Stéphanie. « Mi-Carême à l'Isle-aux-Grues ; L'île des marqués ». La Presse, 17 mars 2010, p. 1-3.
  • ROBERGE, Martine. « La fête de la mi-carême au Québec. Revitalisation d'une tradition et patrimonialisation ». FOURNIER, Laurent-Sébastien, dir. Patrimoines et valorisation des territoires. Paris, L'Harmattan, 2012, p. 167-177.
  • s.a. « Carême et Mi-Carême ». Réseau des archives du Québec. Réseau de diffusion des archives du Québec [En ligne]. rdaq.banq.qc.ca
  • s.a. « Costumes de la Mi-Carême ». Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique. Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel [En ligne]. www.irepi.ulaval.ca
  • s.a. « Mi-Carême à Fatima ». Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique. Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel [En ligne]. www.irepi.ulaval.ca
  • s.a. « Mi-Carême à l'Isle-aux-Grues ». Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique. Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel [En ligne]. www.irepi.ulaval.ca

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