Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Inscrit au Registre du patrimoine culturel

Site patrimonial du Moulin-Paradis

Type :

Patrimoine immobilier

Autre(s) nom(s) :

  • Moulin Paradis et boutique de forge
  • Site du Moulin-Paradis
  • Site du patrimoine du Moulin-Paradis
  • Vieux moulin Paradis de Kamouraska et vieille boutique de forge

Région administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

Municipalité :

  • Kamouraska

Usage :

  • Non applicable

Éléments associés

Patrimoine immobilier associé (2)

Personnes associées (9)

Inventaires associés (1)

Images

Carte

Description

Le site patrimonial du Moulin-Paradis est un petit ensemble préindustriel datant de la deuxième moitié du XIXe siècle. Il est implanté sur une dénivellation naturelle en bordure d'un cours d'eau. L'ensemble se compose d'un moulin hydraulique à farine et d'une petite boutique de forge. Le moulin en bois, de plan rectangulaire, construit en 1860 et 1861, compte deux étages et est coiffé d'un toit mansardé. La boutique de forge, située à côté du moulin, est un petit bâtiment en planche verticale d'un étage et demi au toit à deux versants droits. Des passerelles de bois permettent d'accéder aux deux bâtiments par les combles. Le site patrimonial du Moulin-Paradis est situé dans une zone agricole de la municipalité de Kamouraska, en bordure de la rivière Kamouraska.

Ce bien est cité site patrimonial. La protection s'applique à l'enveloppe extérieure des bâtiments et aux terrains.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Citation Site patrimonial Municipalité (Kamouraska) 2006-02-07

Statuts antérieurs

  • Avis de motion de citation, 2005-11-14
 

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Valeur patrimoniale

Le site patrimonial du Moulin-Paradis présente un intérêt pour sa valeur historique. Le moulin Paradis démontre la mise en valeur du pouvoir hydraulique de la rivière Kamouraska. L'exploitation du cours d'eau se situe au XVIIIe siècle avec la construction d'un moulin plus en amont. La construction du moulin Paradis, en 1860 et 1861, correspond à une augmentation du nombre de moulins à farine après l'abolition du régime seigneurial en 1854. Les entrepreneurs locaux tirent profit du potentiel hydraulique des cours d'eau de la vallée du Saint-Laurent. Ils participent ainsi au développement économique régional. De petits ensembles préindustriels comprennent souvent un moulin hydraulique et une forge nécessaire à l'entretien des marteaux pour piquer les meules en pierre du moulin. Ils apparaissent alors aux abords de plusieurs rivières durant la deuxième moitié du XIXe siècle. Le site patrimonial du Moulin-Paradis est représentatif de l'importance de l'exploitation des cours d'eau dans l'histoire du développement de la région de Kamouraska.

Le site patrimonial du Moulin-Paradis présente aussi un intérêt pour la valeur architecturale de ses deux bâtiments. Le moulin et la forge sont représentatifs de l'architecture des bâtiments paradomestiques caractérisant le paysage des régions agricoles québécoises au XIXe siècle. Le moulin Paradis est typique des moulins à eau construits au XIXe siècle par son plan rectangulaire, par ses deux étages, par son toit mansardé percé de plusieurs lucarnes et par son petit lanterneau. Avec son parement en bardeau de bois, le moulin s'apparente aux granges construites à la même époque. Le toit mansardé permet d'augmenter l'espace d'entreposage dans les combles. Le moulin se distingue néanmoins par sa structure en bois de type « pièce sur pièce ». La disposition asymétrique des ouvertures rappelle aussi la double fonction de moulin et de résidence du bâtiment. Par ailleurs, la dimension réduite de la forge, son parement de planche verticale et son toit en bardeau de bois lui confèrent l'aspect typique des forges rurales associées aux moulins. Il ne subsiste que quelques exemples de ces forges dans le Bas-Saint-Laurent. Les passerelles en bois donnant accès aux bâtiments par les combles démontrent l'adaptation de l'architecture à la topographie. Le moulin Paradis et la boutique de forge constituent un ensemble architectural bien préservé et représentatif des paysages agricoles québécois de la seconde moitié du XIXe siècle.

Le site patrimonial du Moulin-Paradis présente également un intérêt pour sa valeur ethnologique. Le site permet de comprendre certains aspects de l'ancien mode de vie des meuniers en milieu rural. La nécessité de veiller au bon fonctionnement du moulin entraîne souvent la construction à proximité de celui-ci d'un logement pour le meunier et de bâtiments destinés à la fabrication ou à l'entretien des outils et des équipements. Dans le présent cas, le logement du meunier est aménagé dans la partie est du moulin. Il rappelle aussi le caractère familial de ces petites entreprises préindustrielles. Par ailleurs, la présence de la forge près du moulin évoque notamment l'obligation fréquente de procéder à l'aiguisage et à l'entretien des marteaux qui servaient à piquer les anciennes meules de pierre. La forge servait surtout à travailler les métaux. La famille Paradis est propriétaire du moulin depuis plus de cent ans. Depuis quelques décennies, elle anime le centre d'interprétation qui témoigne de la vie des meuneries. Ces dernières étaient au coeur de la vie rurale jusqu'au milieu du XXe siècle.

Source : Municipalité de Kamouraska, 2007.

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Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques du site patrimonial du Moulin-Paradis liés à ses valeurs historique, architecturale et ethnologique comprennent, notamment :
- sa position en bordure de la rivière Kamouraska, dans un méandre du cours d'eau, sur un terrain dénivelé;
- sa situation dans un secteur agricole, à mi-chemin entre les villages de Kamouraska et de Saint-Pascal;
- la position rapprochée du moulin et de la boutique de forge;
- les caractéristique du moulin et de ses annexes, dont le corps de bâtiment principal de plan rectangulaire à deux étages, le toit mansardé, l'annexe de l'atelier d'un étage couvert d'un toit en appentis, le petit volume au toit plat correspondant aux ruines de l'entrée de la dalle, le lanterneau servant à l'aération, la structure en pièce sur pièce, le parement et la couverture en bardeau de bois du moulin, le parement en planche des structures annexes, la disposition asymétrique des ouvertures, les lucarnes à fronton, la porte d'entrée du brisis, les fenêtres en bois à grands carreaux, les planches cornières, les chambranles d'esprit néoclassique, les moulures des lucarnes et la cheminée en brique;
- les caractéristiques de la boutique de forge, dont le plan carré, l'élévation d'un étage et demi, le toit à deux versants droits, le parement en planche verticale, la couverture en bardeau de bois et les fenêtres en bois à grands carreaux;
- les passerelles en bois donnant accès au moulin et à la boutique de forge.

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Informations historiques

La seigneurie de Kamouraska est concédée en 1674. La mise en valeur du pouvoir hydraulique de la rivière Kamouraska remonte à la construction d'un premier moulin banal à eau, plus en amont, pendant le XVIIIe siècle. La rivière traverse le territoire en serpentant du sud au nord.

Le moulin Paradis est probablement édifié durant la deuxième moitié du XIXe siècle. Cependant, la date de 1804 est souvent évoquée. Sa construction s'inscrit dans une période d'augmentation du nombre de moulins à farine, à la suite de l'abolition du régime seigneurial en 1854. Plusieurs riverains sont alors tentés de mettre en valeur le potentiel hydraulique des cours d'eau traversant leur propriété. Ils peuvent aussi en tirer profit par la vente de leur bien à des entrepreneurs ou industriels locaux.

En 1860, Hyppolite Michaud vend à Édouard Pelletier, un habitant de Saint-Roch-des-Aulnaies, une parcelle de terrain en bordure de la rivière Kamouraska. Le lot de forme triangulaire de moins d'un arpent se situe dans la paroisse de Saint-Louis-de-Kamouraska. Lors de cette vente, Michaud s'assure du paiement à perpétuité d'une rente annuelle pour la place de l'écluse nécessaire au fonctionnement du moulin. Le moulin est construit en 1860 et 1861 par des artisans locaux dans ce qui est alors appelé le deuxième rang. Le moulin exploite alors l'énergie hydraulique de la rivière à l'aide d'une grande roue.

En 1862, des dommages sont causés au moulin par la crue printanière. En 1863, des travaux de réfection sont réalisés aux installations du moulin et de l'écluse. Dans les années qui suivent, le moulin change de mains à plusieurs reprises. Dans la décennie suivant la construction du moulin, le site est enrichi d'une grange, d'une étable, d'un fournil et d'une maison pour le meunier Cléophas Thibault.

Ignace Michaud, ferblantier de Kamouraska, achète le moulin en 1873. La forge a pu être construite à la suite de cette transaction. Elle servait alors à l'entretien des marteaux utilisés pour piquer les meules en pierre du moulin. En 1878, Édouard Pelletier, qui avait lancé la construction du moulin, en récupère la propriété à la suite d'un ordre de la Cour supérieure de Kamouraska. En 1889, Cyprien Bélanger, meunier de Saint-Aubert, fait l'acquisition du moulin. Des travaux sont exécutés par Léon Chouinard, le propriétaire suivant. Entre 1890 et 1895, celui-ci remplace la roue par des turbines qui demeurent en service jusqu'à la fin des activités du moulin en 1977.

Dans les dernières années du XIXe siècle, les frères Alphonse et Jean-Baptiste Paradis, dont les terres voisinent le moulin, échangent celles-ci contre le moulin. Le toit à deux versants du moulin est alors remplacé par un toit mansardé augmentant l'espace au niveau des combles. Seul propriétaire à partir de 1897, Jean-Baptiste Paradis s'installe avec sa famille dans la partie est du moulin. Les deux niveaux servent alors de résidence jusqu'en 1958. À cette date, une habitation est construite au sud-est du moulin par Louis-Philippe Paradis. L'ancien logis intégré au moulin sert alors d'espace pour entreposer le grain.

En 1950, les meules de pierre sont remplacées par des moulanges modernes. La forge perd alors sa fonction première. Au printemps 1977, la crue printanière endommage les structures de contention de l'eau et l'écluse est emportée. C'est la fin des activités du moulin. Depuis les années 1980, un centre d'interprétation est animé par la famille Paradis. Celle-ci demeure propriétaire des lieux depuis plus de cent ans. Le site devient aussi entre 1990 et 1993 un lieu de tournage pour le téléroman « Cormoran » de Radio-Canada.

Le site du patrimoine du Moulin-Paradis est constitué en 2006. Ce bien est devenu un site patrimonial cité à l'entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel en 2012.

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Emplacement

Region administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

MRC :

  • Kamouraska

Municipalité :

  • Kamouraska

Adresse :

  • chemin du Moulin-Paradis

Localisation informelle :

Situé à l'extrémité ouest du chemin du Moulin-Paradis

Latitude :

  • 47° 32' 58.0"

Longitude :

  • -69° 50' 43.0"

Désignation cadastrale

Circonscription foncière Division cadastrale Désignation secondaire Numéro de lot
Kamouraska Paroisse de Saint-Louis-de-Kamouraska Absent 326

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Références

Liens Internet :

Notices bibliographiques :

  • ADAM-VILLENEUVE, Francine et Cyrille FELTEAU. Les moulins à eau de la vallée du Saint-Laurent. Montréal, Les Éditions de L'Homme, 1978. 476 p.
  • CAUCHON, Michel et Pierre LAHOUD. Répertoire des moulins à eau du Québec. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1978. 112 p.
  • Comité des fêtes du tricentenaire de Kamouraska. 1674-1974 : Kamouraska. Kamouraska, Comité des Fêtes du Tricentenaire de Kamouraska, 1974. 108 p.
  • DUPONT, Jean-Claude. L'artisan forgeron. Collection Format, série Histoire des métiers d'art. Québec, Les Presses de l'Université Laval et l'Éditeur officiel du Québec, 1979. 355 p.
  • GENEST, Bernard et al. Les artisans traditionnels de l'Est-du-Québec. Québec, Publications du Québec, 1979. s.p.
  • GIGNAC, Rodrigue. « Le moulin Paradis de Kamouraska... en secret chuchoté ». Cap-aux-Diamants. No 78 (2004), p. 38-41.
  • HARDY, Jean-Pierre. Les forgerons et le ferblantier. Collection Histoire populaire du Québec. Montréal, Les éditions du Boréal Express, 1978. 126 p.
  • JEAN, Régis. La charpenterie des moulins à farine du XIXe siècle dans la région de Kamouraska et de Rivière-du-Loup. Université Laval, 1978. 341 p.
  • JEAN, Régis. Les moulins hydrauliques de l'Est-du-Québec, évaluations patrimoniales. Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1989. s.p.
  • L'HEUREUX, Réjean. Vocabulaire du moulin traditionnel au Québec, des origines à nos jours. Documents lexicaux et ethnographiques. Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1982. 465 p.
  • s.a. Kamouraska: nos vieilles maisons. Kamouraska, Le Musée de Kamouraska, 1981. s.p.
  • s.a. Saint-Pascal se raconte, 1827-1977. Saint-Pascal, Comité directeur des fêtes du 150e, 1977. 213 p.

Multimédias disponibles en ligne :

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