Répertoire dupatrimoineculturel du Québec

Trappe dans La Matapédia

Type :

Patrimoine immatériel

Région administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

Vitalité :

  • Vivant

Type d'élément :

  • Pratique

Classification :

  • Pratiques techniques > Liées aux matières premières > Pratiques d'acquisition > Chasse / Trappe

Éléments associés

Inventaires associés (1)

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Description

La trappe est une activité qui consiste essentiellement à capturer des animaux sauvages dans leur habitat naturel à l'aide de pièges spécialement conçus. Elle s'effectue dans le but de faire le commerce de la fourrure ou pour éliminer de façon sélective certains animaux jugés nuisibles. Dans une perspective de développement durable, les trappeurs visent à contribuer à une saine gestion des écosystèmes et des espèces fauniques. Les trappeurs matapédiens entretiennent une relation privilégiée avec la nature, sont les détenteurs de connaissances et de savoir-faire exceptionnels entourant la faune et contribuent, de par leurs activités, à assurer une occupation dynamique et durable du territoire.

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Statuts

Statut Catégorie Autorité Date
Inventorié --
 

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Historique

Dans son ouvrage historique et descriptif de la Vallée de la Matapédia, paru en 1895, Arthur Buies évoque les animaux à fourrure présents sur le territoire matapédien à cette époque, leur chasse et l'impact de la présence de la loutre et du vison, deux espèces se nourrissant notamment d'oeufs de poissons, sur la reproduction du saumon.

La trappe a évolué au fil du temps, non seulement sur le plan technique, mais également aux plans symbolique et éthique. Autrefois, la trappe était un métier et un mode de vie alors que de nos jours, elle constitue davantage une passion. Par ailleurs, les bouleversements causés par le développement de l'industrie forestière, de même que l'émergence de considérations morales ont eu une incidence importante sur l'évolution des méthodes de piégeage. La trappe n'est pas une technique exclusivement associée à l'industrie de la fourrure mais sert aussi à contrôler les espèces nuisibles, à éviter la propagation de maladies ou de parasites et à recueillir des données scientifiques.

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Contexte

Une minorité de trappeurs ont encore aujourd'hui un camp sur leur territoire et encore moins passent plusieurs jours consécutifs en forêt. La saison de trappe s'échelonne de la fin du mois d'octobre jusqu'au mois de mars. Les moyens de transports modernes facilitent l'accès aux territoires forestiers en toute saison. Les trappeurs traitent généralement leurs fourrures dans un atelier aménagé à leur domicile.

Les trappeurs matapédiens exploitent les territoires publics et privés. La Zone d'exploitation contrôlée (ZEC) Casault, la Réserve faunique de Dunière, la Seigneurie du lac Matapédia, de même que les terres agricoles et les différents plans d'eau de La Matapédia sont exploités par les trappeurs dans une perspective de développement durable. Ceux-ci doivent respecter des règles qui peuvent varier d'un territoire à l'autre. Il est possible de trapper plusieurs espèces d'animaux sur le territoire de La Matapédia, du rat musqué jusqu'à l'ours.. Certaines espèces, comme le lynx du Canada, font l'objet de quotas.

Le rôle des trappeurs consiste entre autres à maintenir la population d'une espèce inférieure à la capacité de support du territoire, tout en préservant l'équilibre des écosystèmes. Cela exige un niveau de connaissances exceptionnel entourant le comportement et les habitudes des différentes espèces d'animaux. Les trappeurs peuvent intervenir pour capturer des animaux qui causent des dommages aux infrastructures. Les municipalités font appel à l'expertise des trappeurs afin de piéger un animal nuisible, par exemple un castor dont le barrage inonde une route.

Les techniques de trappe sont diversifiées et varient selon les espèces convoitées. Les renards sont généralement capturés à la passe (couloir aménagé par le trappeur), alors que les coyotes sont attirés vers des enclos appâtés avec des os d'orignaux ou des carcasses de castors. La martre d'Amérique et le pékan se capturent à l'aide de pièges de type conibear installés dans des boites de bois, lesquelles sont placées sur une branche de conifère. Quant au castor, la descente du barrage et la porte des huttes sont les endroits de prédilection pour y installer un piège. Bien que les principales méthodes soient connues par la plupart des trappeurs, chacun possède des techniques originales, voire inédites. De plus, les trappeurs ont recours à des leurres, qualifiés de drogue, pour attirer certaines espèces. Ces leurres se composent de mélanges artisanaux comprenant, notamment, des glandes de castors (les tondreux et le huileux), de l'alcool de bois, de la glycérine, de l'anis et de la valériane, dépendamment des espèces convoitées.

Les trappeurs doivent fréquemment parcourir leurs territoires afin de relever les pièges avant que les animaux capturés ne soient dévorés par des prédateurs ou détériorés en raison des conditions climatiques. Une fois prélevés, les animaux doivent être dépecés puis dégraissés à l'aide d'outils spéciaux dont certains peuvent être fabriqués de façon artisanale. Le dégraissage consiste à enlever l'excédent de graisse à l'intérieur des peaux à l'aide d'une poutre d'écorchage et de grattoirs, en évitant de les abimer. Les peaux sont ensuite fixées sur des moules conçus pour les différentes espèces. Au besoin, les fourrures peuvent être lavées, séchées, peignées ou conservées au froid pour obtenir une meilleure qualité. Ces étapes sont importantes puisqu'elles vont accroître la valeur des fourrures.

Enfin, les fourrures sont acheminées vers les encans par des agents cueilleurs. Trois fois par année, des employés de la North American Fur Auctions recueillent les fourrures des trappeurs matapédiens. Les fourrures sont scellées à l'intérieur d'un sac identifié avec le numéro du trappeur et de l'unité de gestion des animaux à fourrure où la bête a été capturée. Les fourrures sont ensuite envoyées en Ontario où elles sont évaluées selon la grandeur, la couleur et la qualité, puis elles sont vendues à l'encan.

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Apprentissage et transmission

Ayant été en contact avec les communautés autochtones, les Canadiens français ont acquis progressivement les connaissances et les savoir-faire nécessaires à la pratique de la trappe sur le territoire de la Nouvelle-France et du Bas-Canada. Malgré le déclin de l'industrie de la fourrure au milieu du 19e siècle, ces connaissances et ces savoir-faire se sont transmis au fil des générations jusqu'à aujourd'hui. Les méthodes se sont toutefois modifiées et des règles sont apparues pour encadrer la pratique.

De nos jours, les trappeurs doivent suivre une formation sur le piégeage et la gestion des animaux à fourrure pour obtenir le certificat du piégeur. Cette formation vise à former des piégeurs sécuritaires, responsables et efficaces, tout en préconisant une exploitation durable des ressources fauniques. Cela dit, les trappeurs matapédiens ont tous acquis des connaissances au contact d'autres trappeurs plus expérimentés, que ce soit de façon informelle ou dans le cadre de formations ou de colloques. Ils acquièrent également beaucoup de connaissances par la consultation de revues spécialisées, de films ou autres documents d'information. Quoi qu'il en soit, les connaissances et les savoir-faire nécessaires s'acquièrent en grande partie dans la pratique et c'est d'ailleurs pourquoi le mentorat est souvent de mise pour former les apprentis. À cet égard, mentionnons que certains trappeurs matapédiens ont eu l'occasion de transmettre leurs connaissances à des jeunes de la région et que, dans tous les cas, ils accordent une importance à la sauvegarde des savoirs entourant la trappe et souhaitent pouvoir y contribuer.

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Emplacement

Region administrative :

  • Bas-Saint-Laurent

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